Les oasis situées sur les flancs des oueds Ziz, Ghriss et Guir, accusent le coup asséné par la succession des années de sécheresse, par l'intensification du pompage, surtout au niveau de l'axe Meski-Boudnib, long de plus de 80 kilomètres, et par le manque de l'utilisation des eaux de surface. Les ksour de Tafilalet, comme illustration de l'écosystème oasien, affrontent plus que les autres régions du Maroc, les méfaits de la sécheresse, conjugués à l'intensification du pompage dans les espaces environnants. Aux ksour de Jorf par exemple, les oasis sont désormais encerclées par les exploitations modernes utilisant le pompage solaire intensifié et le système de goutte-à-goutte qui couvre 37 000 hectares dans toute la région de Drâa-Tafilalet. Certes, cela peut développer la productivité et la surface cultivée, mais nuit gravement au processus de recharge des nappes, sans oublier la destruction de l'agriculture vivrière et l'équilibre traditionnel établi depuis des siècles entre plusieurs activités agricoles. Dans le périmètre Meski-Boudnib, une superficie de 8 000 hectares (sur 10 000 ha dans la province d'Errachidia), a servi à mettre en place de nouvelles exploitations de palmiers-dattiers. Les recherches scientifiques, qui ont étudié la consommation en eau de l'activité phoénicicole au Tafilalet, impliquent que les besoins annuels en eau d'irrigation de ce périmètre, qui ne couvre qu'une partie du bassin Guir-Ziz-Ghriss-Maïder, son colossaux. Déjà, la fameuse source bleue de Meski, située à environ 20 kilomètres d'Errachidia, a été asséchée. L'importance cruciale de la ressource hydrique Aussi, l'un des plus grands oueds de la région, Oued Ghriss, n'a jamais bénéficié de barrage, à l'instar d'Oued Ziz, sur lequel l'ouvrage Hassan Addakhil a été érigé en 1971. Les données scientifiques sont limitées pour estimer le manque à gagner en termes de retenue des eaux des crues. Mais, sur le terrain, les crues de cet oued sont très abondantes et pourraient constituer une capacité annuelle stockée de 120 millions de mètres cubes. Pour l'instant, les habitants des oasis de Ghriss, représentée essentiellement par la société civile de la ville de Goulmima, attendent cet ouvrage qui aurait dû suivre la construction du barrage sur Oued Ziz. Pour ce qui est de la pluviométrie, elle demeure très faible, avec une moyenne de 100 m3/an. Au milieu de ces espaces désertiques, les oasis verdoyantes abritent des ksour centenaires, qui sont abandonnés par la population, préférant construire, à côté, des maisons en béton plus spacieuses et plus confortables, mais moins écologique, délaissant un patrimoine architectural très riche. La plus méconnue de ces cités est la ville mythique de Sijilmassa, détruite depuis le début du XVIIIe, vantée par les archéologues, mais méconnaissable sur le terrain. Dans un autre registre, elle n'est que l'exemple du gâchis et de manque de valorisation du patrimoine, matériel et immatériel. Dans une province qui concentre plus que le quart de la population de Drâa-Tafilalet, qui comptait 1,6 million d'habitants en 2014, avec une faible contribution au PIB national qui correspond à 4%, la ressource hydrique revêt une importance cruciale de par la place qu'occupe l'agriculture dans l'économie de la région, surtout dans l'emploi avec 12 millions de journées de travail (MJT) annuellement.