Nouveau rebondissement dans la crise ouverte entre l'Algérie et l'Espagne, depuis l'annonce du soutien du chef du gouvernement, Pedro Sanchez, au plan marocain d'autonomie au Sahara. L'Algérie menace officiellement l'Espagne de ne plus lui vendre du gaz. Le gouvernement algérien menace de rompre le contrat liant la compagnie publique Sonatrach avec ses partenaires espagnols gaziers. Un message transmis directement à l'exécutif Sanchez, dans un communiqué publié ce mercredi 27 avril par le ministre de l'Energie et des Mines algérien. Le département de Mohamed Akrab réagit, ainsi, à la nouvelle que lui a adressée par «courrier électronique» son homologue espagnole, Teresa Ribera, annonçant «la décision de son pays d'autoriser le fonctionnement, en flux inverse, du Gazoduc Maghreb Europe (GME). Selon la ministre espagnole, cette opération interviendra ce jour ou demain», indique la même source. Une annonce qui a suscité l'ire de la partie algérienne, au point de proférer des menaces. «Tout acheminement de gaz naturel algérien livré à l'Espagne, dont la destination n'est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols», prévient le ministre algérien. Des menaces officielles cette fois Le ministre Akrab avait déjà mis en garde son homologue espagnole, en mars dernier à l'occasion d'un entretien téléphonique, contre le fait de transférer une «seule molécule» du gaz algérien vers le Maroc, révélait alors El Mundo. Il ripostait, ainsi, au feu vert de l'exécutif Sanchez à la requête marocaine de bénéficier des installations espagnoles de regazéification du gaz naturel liquéfié (GNL), acheté par Rabat. L'Algérie aurait aussi interdit, en novembre 2021, à l'Espagne de revendre son gaz à Rabat, écrivait El Mundo. Seulement, ce mercredi 27 avril, le pouvoir algérien a franchi un nouveau cap. En effet, c'est la première fois qu'il menace de manière officielle son voisin ibérique de ne plus lui vendre de gaz, dans un communiqué publié par l'agence algérienne de presse, APS. Une menace à prendre avec prudence. Il est lieu de souligner que depuis la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME), décidée fin octobre par Abdelmadjid Tebboune, les Américains consolident leur position comme premier exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Espagne. Au premier trimestre de cette année, les importations de GNL en provenance des Etats-Unis ont été multipliées par presque six (+459,9%) par rapport à la même période en 2021, passant de 7 472 GWh au premier trimestre de 2021 à 41 839 GWh pour la même période en 2022. En revanche, les achats de gaz de l'Algérie, historiquement premier fournisseur de l'Espagne, au cours des trois premiers mois de 2022 ont été réduits de 32,9%, pour couvrir seulement 26,1% de la consommation du voisin ibérique. Pour rappel, la ministre marocaine de la Transition énergétique, Leila Benali, a annoncé le 15 avril lors d'un point de presse, que «pour la première fois, le Maroc est sur le marché international du gaz. Le Maroc n'a jamais acheté de gaz naturel liquéfié auparavant». La responsable gouvernementale a tenu à préciser que le royaume ne sera pas approvisionné en gaz à partir des marchés espagnol ou européen mais les quantités achetées seront traitées dans les unités de regazéification espagnoles et ensuite acheminées au Maroc via le GME. La menace algérienne intervient le même jour que l'annonce par le groupe russe Gazprom de suspendre ses livraisons de gaz à la Pologne et la Bulgarie. Le 18 avril dernier, le président algérien a eu un entretien téléphonique avec son homologue russe, Vladimir Poutine.