Pour sa première intervention devant les membres du conseil de sécurité de l'ONU, Saâd Dine El Otmani, ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, a dû subir les attaques du délégué syrien sur la cérémonie d'allégeance au roi, le baisemain et le Sahara. La polémique autour de la cérémonie d'allégeance à Mohamed VI atterrit au Conseil de sécurité de l'ONU. Hier, jeudi 30 août, le délégué de la Syrie, Bachar Al Jaâfari, en réponse à l'appel de Saâd Dine El Otmani, ministre marocain des Affaires étrangères, à une mobilisation internationale en faveur du peuple syrien, a tiré à boulets rouges sur l'acte de la Béya, la cérémonie d'allégeance. Est-ce la conséquence directe de l'intervention des forces de l'ordre, le 22 août, devant le parlement, contre une manifestation d'un petit groupe d'opposants ou bien faut-il voir dans cette attaque une fuite en avant de la part d'un diplomate syrien en manque d'arguments pour défendre un régime aux abois ? «Je ne veux pas rouvrir les plaies de certains. J'appelle le ministre marocain à améliorer ses relations avec les pays voisins», a dit Bachar Al Jaâfari ; une allusion plus que transparente à l'Algérie, le seul pays de l'Afrique du nord qui entretient, encore, des relations diplomatiques avec le régime de Bachar Al Assad. Le diplomate syrien a également demandé au Maroc de «répondre favorablement aux demandes de réformes émises par le peuple marocain et en premier lieu l'abolition du protocole royal en déphasage total avec notre époque qui oblige chaque Marocain à se prosterner devant le roi et à embrasser ses mains.» Il s'arrête quelques secondes, le temps de jeter un regard sur ses notes pour évoquer l'affaire du Sahara. Défiant le chef de la diplomatie marocaine, il lui lance «est-ce que vous voulez qu'on ouvre ce dossier ? Là aussi, il y a un peuple au Sahara qui réclame ses droits.» Dans ce contexte, il faut rappeler que la Syrie est l'un des rares pays arabes qui comptent une représentation du Polisario en tant que mouvement de «libération» et non en sa qualité d'ambassade, comme c'est le cas dans la capitale algérienne. Le Maroc critique la Syrie Durant son intervention devant les membres du Conseil de sécurité - la première, puisque le Maroc est habituellement représenté au Conseil par Youssef Amrani, n° 2 de la diplomatie ou Mohamed Loulichki, le représentant du royaume à l'ONU - le ministre marocain des Affaires étrangères, Saâd Dine El Otmani, a observé un ton très modéré pour aborder le drame des milliers de Syriens contraints de quitter leur pays et de vivre dans des camps de réfugiés en Turquie, Jordanie ou au Liban. «Nous formons le vœu pour que cette réunion débouche sur une vision unifiée de la communauté internationale en vue de prêter assistance et soutien au peuple syrien et qu'elle marque le début de la cessation des violences qui ont fait des milliers de victimes innocentes et autant de réfugiés syriens», a souhaité Saâd Dine El Otmani. Le Maroc a installé un hôpital dans le camp de Zaâtari en Jordanie. Le chef de la diplomatie a également déploré que la crise syrienne se soit «transformée en un conflit armé avec usage d'armes lourdes et d'avions de combat ciblant des zones civiles, en plus d'enlèvements et d'exécutions extrajudiciaires avec tout ce que cela suppose comme violations flagrantes des droits de l'homme et du droit humanitaire international». Modéré dans le ton, M. Othmani s'est donc montré critique dans le fond vis à vis des actes de Bachar Al-Assad. De plus, la prochaine réunion des amis du peuple syrien se tiendra, en octobre, au Maroc. Le délégué de la Syrie, Bachar Al Jaâfari, critique le Maroc, au Conseil de sécurité de l'ONU, le 30 août.