Douze Syriens ont été tués lundi par des tirs des forces de sécurité lors de perquisitions dans les province de Homs et de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). En outre, les dépouilles de trois détenus morts sous la torture ont été rendus à leur famille, selon la même source. Alors que l'opposition syrienne veut préparer avec la Ligue arabe la «période transitoire». Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé mardi que le président syrien Bachar el-Assad devait démissionner pour le bien de son peuple et de la région. Il s'agit du premier appel d'Ankara au départ du dirigeant syrien. Les autorités turques se montrent de plus en plus critiques devant la répression du mouvement de contestation contre le régime de Damas, en cours depuis la mi-mars. Dans un discours télévisé, Recep Tayyip Erdogan a accusé le président Bachar el-Assad de faire preuve de «lâcheté» en s'en prenant à la population. «Pour le bien de votre propre peuple et de la région, quittez ce siège», a-t-il lancé. Par ailleurs, l'opposition syrienne cherche à préparer, avec la Ligue arabe, la «période transitoire» qui interviendrait si le régime de Bachar al-Assad tombe, indique mardi un communiqué du Conseil national syrien (CNS). «Le CNS consulte des militants et dissidents syriens, pour organiser en coopération avec la Ligue arabe, une conférence nationale afin de préparer la période transitoire dans le pays», a indiqué un porte-parole du CNS, principale coalition de l'opposition, cité dans le communiqué. «Le secrétariat général et le bureau exécutif du CNS ont rencontré au Caire ces derniers jours des personnalités syriennes, des dissidents politiques et des militants», selon ce porte-parole dont le nom n'a pas été précisé. «Ils se sont mis d'accord pour la formation d'un comité de planification, composé de membres du CNS et d'autres dissidents politiques et militants, qui surveillera la préparation de la phase transitoire en liaison avec la Ligue arabe», a ajouté le texte. La conférence publiera un mémorandum concernant la phase suivant l'après Assad. Ce document, qui sera soumis au Conseil ministériel de la Ligue arabe, détaillera «les données et les règles pour diriger cette phase transitoire afin d'y inclure et de faire participer toutes les forces politiques en Syrie», ajoute le communiqué. La Ligue arabe avait proposé le 1er novembre un plan de sortie de crise qui prévoyait notamment l'arrêt des violences. Il avait été accepté par le régime du président Bachar al-Assad mais est resté sans effet sur le terrain. Un projet de résolution qualifié de «déclaration de guerre» D'autr part, l'ambassadeur syrien auprès des Nations unies a affirmé lundi qu'un projet de résolution de l'Onu condamnant la répression de la contestation était une «déclaration de guerre» contre Damas. Ce texte a été présenté par l'Allemagne à la commission des droits de l'homme de l'Assemblée générale des Nations unies. Il a été co-rédigé par l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France et co-signé par 61 pays, dont cinq Etats arabes. «Il a été présenté dans le contexte d'une déclaration de guerre politique, médiatique et diplomatique contre mon pays. C'est une déclaration de guerre qui vise à affecter l'indépendance de notre processus de prise de décision politique et à nous interdire de gérer nos propres priorités politiques nationales», a dénoncé Bachar Jaafari. Dans une interview accordée à Reuters, le diplomate syrien a accusé les Etats arabes cosignataires de ce texte de se comporter comme des «laquais». Il a également affirmé que des puissances occidentales finançaient et fournissaient des armes à l'opposition syrienne. Le projet de résolution «condamne dans les termes les plus forts la poursuite d'atteintes graves et systématiques aux droits de l'homme par les autorités syriennes, parmi lesquelles des exécutions arbitraires, un recours excessif à la force et la persécution et le meurtre de manifestants et de défenseurs des droits de l'homme». Il condamne aussi «les détentions arbitraires, les disparitions forcées, la torture et le mauvais traitement des détenus, dont des enfants» et réclame l'arrêt immédiat de toutes ces pratiques. Si, comme on s'y attend, elle est adoptée, la résolution appellera la Syrie à mettre en œuvre le plan de sortie de crise préparé par la Ligue arabe qui réclame un arrêt des opérations militaires contre la population civile et l'envoi d'observateurs étrangers. Le vote en commission était programmé hier mardi avant un vote en session plénière à l'Assemblée générale de l'Onu le mois prochain.