Les bailleurs de fonds réclament un soutien ouvert de Londres à ce projet d'envergure, qui pourrait être acté cette année. Le projet de câble sous-marin reliant le Maroc au Royaume-Uni, présenté comme le plus long au monde, devrait bénéficier d'un appui politique substantiel pour voir le jour, selon ses promoteurs et les différents bailleurs de fonds cités par Bloomberg. Pour devenir réalité, le projet nécessite un engagement des autorités britanniques. Xlinks est en discussions avec le gouvernement pour obtenir un contrat garantissant un prix de vente fixe de l'électricité. L'entreprise estime que le tarif devrait être supérieur à celui de l'éolien offshore britannique, mais inférieur à l'accord conclu en 2016 pour la centrale nucléaire de Hinkley Point C. Porté par la société Xlinks First, cette liaison titanesque représenterait un investissement de près de 24 milliards de livres sterling (environ 29,9 milliards de dollars), dont cinq milliards injectés directement au Royaume-Uni. Son déploiement intervient alors que le gouvernement cherche à relancer l'économie britannique et à stimuler la croissance. Exploité à partir des vastes ressources éoliennes et solaires marocaines, ce réseau «fournirait au Royaume-Uni une source d'énergie verte stable, complémentaire à l'essor des parcs éoliens en mer du Nord», explique Dave Lewis, président de Xlinks et ancien directeur général du groupe Tesco. La société ambitionne de prendre une décision finale d'investissement en 2025, de boucler le financement en 2026 et de débuter les travaux avant la fin de l'année 2026. Un projet stratégique pour l'approvisionnement énergétique «Ce projet offrirait une alimentation fiable et constante, suffisante pour couvrir les besoins de sept millions de foyers, soit 8 % de la consommation électrique actuelle du Royaume-Uni», souligne M. Lewis. «Il attire des milliards d'investissements, contribue à la baisse des prix de gros de l'énergie tout en réduisant les émissions et répond au défi du Dunkelflaute (périodes prolongées sans vent ni soleil). Et tout cela sans financement public. Pourquoi s'en priver ?», s'est-il interrogé. Le projet devrait être mis en service en 2031, soit peu après l'échéance fixée par Londres pour la transition vers un réseau électrique totalement décarboné d'ici 2030. Son calendrier a toutefois été perturbé par les élections générales de l'an dernier, et la nouvelle équipe gouvernementale doit encore être convaincue. Un câble sous-marin de près de 4 000 kilomètres L'infrastructure convoitée comprendrait environ 11,5 gigawatts de capacités éolienne et solaire, assortis de batteries de stockage. L'électricité produite serait acheminée par quelque 4 000 kilomètres de câbles sous-marins longeant les côtes du Portugal, de l'Espagne et de la France, avant de traverser la Manche et de se connecter au réseau électrique britannique dans le comté de Devon, au sud-ouest de l'Angleterre. Plusieurs grands acteurs du secteur énergétique ont déjà apporté leur soutien au projet. La société américaine GE Vernova Inc. y a investi 10,2 millions de dollars en 2024, rejoignant un consortium d'investisseurs comprenant le groupe français TotalEnergies SE, la société émiratie Abu Dhabi National Energy Co. et l'un des principaux fournisseurs d'énergie britanniques, Octopus Energy.