Lors d'une journée d'étude organisée par la SNRT et son Comité de parité et de veille, les productions de fictions, entre téléfilms et séries ont été questionnées à la lumière des stéréotypes qui y sont encore véhiculés sur les femmes. Des pistes de réflexion ont été proposés pour concilier liberté de création et valeurs égalitaires. A la télévision, les représentations des femmes dans les productions de fiction sont tantôt stéréotypées, tantôt réduites à une marge ne permettant pas de mettre en avant les femmes dans la peau de personnages complexes et hors du cliché. Afin de penser à une approche novatrice, respectueuse de la liberté de création et faisant la promotion de l'émancipation féminine à la fois, la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) et son Comité de parité et de veille ont organisé, une journée d'étude, qui s'intéresse aux enjeux et aux impacts de cette question. L'objectif étant de sensibiliser aux valeurs de parité et d'égalité, dans une logique d'amélioration de l'image véhiculée sur les femmes dans les médias. Coordinatrice du Comité de parité et de veille au sein de la SNRT, Amina Gharib a déclaré à Yabiladi qu'«actuellement, les productions de fiction marocaine ont une place de plus en plus grande dans la programmation de la SNRT et sur le petit écran». «Ces séries et téléfilms sont de plus en plus regardés, et en tant qu'instance paritaire, il nous importe d'ouvrir le débat sur les représentations que véhiculent ces programmes sur les femmes», ajoute-t-elle. La question se pose ainsi sur comment concilier la promotion de l'approche genre et la liberté de création. «C'est une problématique de long terme car l'expression artistique libre est un postulat, mais le pôle public audiovisuel a aussi un rôle sociétal et éducatif dans la promotion de messages ou représentations des femmes non-stéréotypées», explique la responsable. La liberté de création pour briser les stéréotypes Amina Gharib plaide pour une approche où liberté de création et approche de droits des femmes vont de pair. «Je pense qu'un.e cinéaste qui met sa liberté de créer au-dessus de toutes considérations est libéré de certains carcans et cela lui permet d'innover des représentations qui sortent du lot. Un cinéaste libre porte une attention particulière à son environnement social, aux personnes marginalisées, victimes d'injustices ou de discriminations. Il ne peut donc que pousser vers la libération de ces individus-là de leurs chaînes, dans des œuvres qui prônent donc une vision différente des clichés classistes», plaide la coordinatrice. «Avec le dialogue et l'échange entre nos différents partenaires que sont les professionnels du cinéma, nous pouvons arriver à des résultats très probants, dans un contexte où cette question est d'ordre mondial et que les créateurs ne peuvent plus rester à la marge de ce débat», ajoute encore Amina Gharib. Pour la responsable, «avancer vers des représentations plus égalitaires dans les productions télévisuelles constitue aussi un pas dans le parcours de notre pays au niveau de la démocratie, car cela fera adopter ces valeurs humaines par un public plus large, grâce à l'influence de contenus audiovisuels». «Lorsque l'on reconnaît à chacun sa place au sein de la société, y compris à travers les programmes télévisés, nous allons vers une consécration des valeurs de la diversité et du vivre-ensemble dont nous avons grand besoin au sein de notre société. C'est une dynamique qui ne peut pas ne pas impliquer nos cinéastes.» Amina Gharib Plus d'ateliers pour des fictions plus inclusives Chargée des études médias à la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), Majda Saber a pour sa part rappelé le rôle du régulateur dans la promotion de cette transition sociale vers l'égalité des genres, à travers la déconstruction des perceptions stéréotypées dans les productions télévisées. Dans ce sens, elle a notamment abordé des indicateurs d'analyse de la violence fondée sur le genre dans les œuvres de fiction marocaines. C'est ainsi que les professionnels du septième art ont prôné des productions qui façonnement l'imaginaire collectif en termes de valeurs d'équité de d'égalité. L'éducation aux médias et par les médias revêt une importance majeure dans ce processus, d'autant que la télévision d'adresse à tous les âges, notamment aux enfants. Leur sensibilisation sur ces thématiques par l'image permettra de les conscientiser tôt sur les discriminations basées sur le genre, ont noté les participants. Ces derniers ont notamment proposé la tenue d'ateliers d'écriture scénaristique afin de mieux intégrer l'approche genre à la création artistique, tout en renforçant la communication entre scénaristes et pôle de la télévision publique. L'idée est de permettre aux créateurs de tenir compte plus efficacement des observations formulées par les comités de sélection des fictions, notamment sur les aspects relatifs aux représentations des femmes.