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Identité nationale : Lettre ouverte d'un écrivain franco-marocain au Président Sarkozy
Publié dans Yabiladi le 24 - 12 - 2009

Monsieur le Président, Je ne supporte plus ces dérapages volontaires, ces phrases imbéciles qui explosent comme des bombes mortelles des bouches haineuses de vos ministres et de votre entourage.
Je ne suis pas de votre bord politique, mais j'ai toujours su garder le respect nécessaire à votre fonction. Maintenant, à vrai dire, je commence moi aussi à éprouver la même haine à votre égard et l'égard des vôtres... Et pour que les choses soient dites sans détour et avec la même désinvolture que vos émissaires en terre FN, votre idée de la France, je n'en veux pas. Mieux : votre France, je n'en suis pas, je vous la laisse ; gardez-la pour vous et pour les vôtres, faites-en une réserve pour une seule « espèce » de citoyens à l'exclusion de toutes les « racailles » envahissantes que nous sommes nous autres.
Pourtant il m'a fallu du temps pour me sentir membre à part entière de cette belle aventure qu'on nomme France. Déjà par un apprentissage précoce de la langue de Molière depuis ma tendre enfance au fin fond de la campagne marocaine. Ensuite par quarante longues années de vie parmi ce paradoxal peuple de France : aussi généreux qu'inquiétant. Mais aujourd'hui j'en arrive à comprendre les jeunes que vous nommez « racailles » quand ces jeunes sifflaient la Marseillaise. Pourtant à l'époque cela m'avait offusqué. Oui, je n'en peux plus de courir après « votre » France, que vos diatribes estampent de devant moi tel un mirage qui s'éloigne indéfiniment. J'en ai assez de me rapprocher de gens qui sans cesse jettent le doute sur ma « fidélité française » à cause de mes origines et de mes supposées croyances. J'en ai assez de subir l'invective à chaque fois qu'un gouvernement et un président sont en mal de popularité.
Avec l'âge, je ne crois plus guère que le temps règlera les choses sans heurts voire même sans violence, vu que le temps qui passe ne fait qu'aggraver la situation. Alors, autant jouer franc jeu, si j'ose employer ce terme : à partir d'aujourd'hui, je cesse de défendre mon identité française. Peut-être vos ministres xénophobes s'en donneront-ils à cœur-joie et se laisseront aller à plus d'accusations racistes. Peut-être des mouvements extrémistes (des deux bords) vont-ils exploiter cette situation. En vérité, cela m'importe peu dorénavant. Et je vais de ce pas militer pour que nous soyons nombreux à s'octroyer une certaine « objection de conscience identitaire ».
Monsieur le Président, c'en est trop que vos discours et ceux des dirigeants politiques en général distillent impunément et à longueur de médias cette idée venimeuse qu'un fossé infranchissable sépare les bons Français de nous autres les métèques, les « musulmans », les « quand il y en a un ça va... », les « non white », les « gris par mariage », « les qui sifflent la marseillaise », enfin toutes ces hordes et les rejetons de ces hordes qui ont fui les guerres, les dictatures et « toute la misère du monde ». Bref, les impurs voire même les impies d'une France et d'une Europe si radicalement chrétiennes qu'elles ne sauraient accueillir en son sein ces turcs musulmans...
Si ce n'était que politique politicienne, on pourrait se terrer le temps d'une campagne électorale. Mais vos discours renforcent au sein de la population les comportements les plus discriminatoires, une discrimination qui met déjà au banc de la société des pans entiers de la jeunesse « non native », même quand cette jeunesse est diplômée des fleurons de nos universités. Pour nommer les choses telles qu'elles sont, vos méthodes ressemblent à s'y méprendre à quelque stratégie – consciente ou inconsciente - d'apartheid. Et, à mon niveau, j'ai comme le sentiment que vous savez ce que vous faites. Quoi qu'il en soit, tout semble illustrer votre état d'esprit ségrégationniste : votre jeu de petites phrases malsaines ne nous est-il pas en fin de compte destiné : histoire de nous faire comprendre que vous êtes de ceux qui sauront nous mettre au pas le moment venu ? Ne sert-il pas aussi à rassurer les « vôtres » et à les protéger de toute mixité contagieuse ?
Comme ce pays bascule de jour en jour dans le repli, je suppose qu'il n'y a aucune raison que cela s'arrête. Je sais que les nombreuses campagnes électorales à venir seront autant d'occasions de « nous » vexer, de « nous » humilier, de nous classer dans la catégorie « non intégrable » malgré « votre » immense hospitalité française... Eh ben, soit ! Jouons donc ensemble à ce jeu vicieux puisque vous semblez y tenir tant. Mais il vous faudra vous habituer à un changement nécessaire afin que les règles soient moins « injustes » : nous n'accepterons plus dorénavant votre injonction à être français selon votre bon vouloir. Non, vous ne pourrez plus nous sommer d'être ceci ou cela, encore moins sous peine d'excommunication...
Pour ma part, j'affirme ne pas me sentir français quand je vous entends parler des « miens » avec arrogance et mépris. A vrai dire, votre façon d'être français me fait plutôt honte. Non, je ne suis pas de « votre » France, je ne suis pas de cette France frileuse, repliée sur elle-même, de cette France raciste qui pense qu'un jeune français de confession musulmane est un être à part, un être dangereux, asocial. Tout comme hier dans les colonies. Bref, je ne suis pas de cette France chrétienne avec des relents collaborationnistes voire même croisés...
Non, Monsieur le Président, votre France n'est plus la mienne. Gardez-la pour vous et pour les vôtres. Et parquez ceux qui ne partagent pas votre conception de la France, cette France qui hait ses jeunes dont le faciès n'est pas aux normes, cette France qui dresse un mur entre elle et nous autres « dangereux étrangers ». Oui, c'en est fini de nous prêter à ce jeu stupide qui consiste à ce que les plus « méchants » de la classe politique nous insultent et nous vexent pendant que les plus « gentils » nous somment de ne pas crier de peur de réveiller la bête immonde...
Aussi, j'appelle tous ceux qui en ont marre de cet affront à se rebeller, à se révolter. Je leur demande de crier haut et fort qu'ils ne sont plus français, en tout cas pas à la manière de ces racistes qui nous pourrissent la vie par des vexations assassines pour voler quelques voix à l'abject Le Pen... Je demande à tous ceux qui se sentent concernés de se mettre en quelque objection de conscience identitaire.
Eventuellement, nous voudrons bien faire partie d'une autre France si tant est que nos politiques nous en offrent les perspectives, la France des Lumières, de la grande Révolution française, celle de la résistance et celle qui a combattu l'esclavage et le colonialisme. Oui une France qui saurait respecter chaque français, quelle que soit son origine, qui le traite à égalité des droits et des devoirs, sans préjugé et surtout sans cette haineuse discrimination qui agit en écho à la haine qui transparaît jusqu'aux cœur même du pouvoir...
Mustapha Kharmoudi
Ecrivain franco-marocain
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