En appel, le journaliste Omar Radi a été condamné à six ans de prison ferme, pour «viol» et «attentat à la pudeur», «espionnage pour l'étranger» et «atteinte à la sécurité de l'Etat». Le jugement de première instance a été confirmé, également pour Imad Stitou. La Cour d'appel a confirmé, dans la nuit de jeudi à vendredi, le jugement rendu en première instance à l'encontre du journaliste Omar Radi. Il est ainsi condamné à six ans de prison ferme, assorti d'une indemnisation de 200 000 dirhams à la partie civile, pour «viol» et «attentat à la pudeur», «espionnage pour l'étranger» et «atteinte à la sécurité de l'Etat». La veille, le Parquet a requis la peine maximale de dix ans de prison à l'encontre d'Omar Radi, «au regard des éléments à charge». La partie civile avait réclamé une indemnité d'un million de dirhams. Une fois le verdict prononcé, jeudi dans nuit, l'espace intérieur de la Cour d'appel s'est transformé en lieu de sit-in de protestation, de la part des proches et des soutiens du journaliste qui se sont indignés contre la décision de justice. A sa sortie de la salle s'audience, la mère d'Omar Radi a exprimé ses vifs remerciements aux avocats de la défense. «Je demande au moins à ce que le collège du tribunal prenne le temps d'étudier la façon dont ce dossier lui a été présenté ; je pense que les éléments lui ayant été exposés n'ont pas été examinés de la manière qu'il fallait», a déclaré Fatiha Cherribi. Selon elle, «il y avait une volonté d'accélérer le rendu du verdict, sans en anticiper les conséquences». «Je pense que lorsqu'ils entendent les plaidoiries de la défense et le dernier mot d'Omar, même les non-initiés au droit sont convaincus de l'innocence d'Omar et distinguent que les faits ont été fabriqués, preuve à l'appui sur cette fabrication», a ajouté la mère du journaliste. «Qui, désormais, pourrait entreprendre des enquêtes journalistiques avec les mêmes démarches qu'Omar ?», s'est-elle interrogée. Les avocats de la partie civile estiment que l'indemnisation est inéquitable De son côté, le journaliste Imad Stitou a vu sa peine d'un an de prison, dont six mois ferme, confirmée, pour sa participation aux faits de viol et d'attentat à la pudeur reprochés à son collègue. Objet d'une procédure de jugement par contumace lors de cette phase d'appel, il a ainsi été reconnu coupable de «non-assistance à personne en danger», après une comparution initiale en tant que témoin. Pour sa part, l'avocate de la partie civile dans le dossier du viol, Aïcha El Guellaa, a estimé que «la confirmation en appel des indemnisations est inéquitable à l'égard de la victime, car la réparation dans le cadre de crimes sexuels ne doit pas du même ordre que dans les cas de délits». A la sortie de la salle d'audience, elle a déclaré que le pourvoi en cassation ou non sera décidé ultérieurement, après consultations avec la plaignante. Ce verdict a été rendu une semaine après la confirmation en appel de la peine de cinq ans de prison ferme contre Soulaimane Raïssouni, reconnu coupable d'agression sexuelle sur un jeune homme se déclarant homosexuel. Réagissant à ces poursuites, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé, jeudi, ce qu'elle a considéré comme un «acharnement judiciaire contre des journalistes qui n'ont fait que leur travail». L'ONG internationale a appelé à «leur libération immédiate».