Alors que leur manifestation avec des élus de la république avait été interdite, mardi soir, par la préfecture de police de Paris, l'association «les hijabeuses» et la Ligue des droits de l'Homme (LDH) ont obtenu la suspension de l'arrêté par le Tribunal administratif de Paris. Si la victoire n'est que symbolique, les joueuses ayant préféré annuler la manifestation «pour la sécurité de tous» avant le résultat de l'audience, le président de la LDH, Malik Salemkour, s'en est réjoui, déclarant que «la liberté de manifester doit être garanti sans discrimination voilée». Pour rappel, les hijabeuses luttent initialement pour être autorisée à porter le voile en jouant lors des compétitions de football, pratique interdite en France, mais autorisée par la FIFA depuis 2014. Le tribunal a ainsi rappelé que la liberté de manifester constitue un droit fondamental et que son interdiction ne pouvait se justifier que «si aucune autre mesure ne pouvait être prise pour préserver l'ordre public». Or, «ni dans son arrêté ni lors des débats le préfet de police n'a démontré qu'un encadrement par les services de police n'était pas à même de garantir l'ordre et la sécurité publique». Aucune autre manifestation n'était prévue à ce moment, souligne le tribunal, et les effectifs de police se devaient donc de «surveiller les éventuels débordements de la manifestation en cause». En conséquence, le tribunal administratif a déclaré que l'arrêté de la préfecture constitue «une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale du droit de manifester», la condamnant à verser 1 000 euros d'amende à l'association les hijabeuses et à la LDH. FLASH INFO ? ?Esplanade des Invalides #LetUsPlay #LaissezNousJouer #FootballPourToutes #SportPourToutes pic.twitter.com/39Y4cgKp1t — Les Hijabeuses (@leshijabeuses) February 9, 2022 Suite à la décision, rendue à 17h30, des joueuses se sont réunies symboliquement pour jouer à l'Esplanade des invalides. «L'aventure continue, on se bat, on se bat pour pouvoir jouer», déclare l'une d'elles. L'Assemblée nationale examinait ce mercredi la Loi sport, bloquée par les députés en commission mixte à cause d'un amendement interdisant le port du voile en compétition sportive. Si les hijabeuses ont été privées de leur manifestation, elles se sont attirées le soutien d'une cinquantaine de personnalités du monde du sport qui ont signé une tribune publiée dans Libération intitulée «Laissez jouer les hijabeuses!». On y retrouve Eric Cantona, Lilian Thuram ou encore Audrey Tcheuméo, double médaillée olympique de judo. À Lyon, un rassemblement s'est tenu dans l'après-midi pour soutenir les hijabeuses.