C'est un classique de la politique marocaine. A chaque élimination des Lions de l'Atlas d'une édition de la Coupe africaine des nations, les partis de l'opposition se saisissent de cet échec pour fustiger la mauvaise gouvernance du football national. Cette année, une différence de taille : le président de la Fédération de football est également ministre au sein du gouvernement Akhannouch. L'opposition parlementaire s'est vite emparée de la déroute de la sélection nationale à l'occasion de la Coupe africaine des nations au Cameroun. Le groupe des députés de l'USFP a été le premier à adresser une question écrite au ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa. Les socialistes estiment que malgré les nombreux privilèges dont bénéficie la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), elle est «incapable» de mettre la main sur les maux du football dans le pays et élaborer, en conséquence, une «feuille de route» à même de les résoudre. Les fidèles de Driss Lachgar ont tiré à boulets rouges sur la gestion de ce secteur par la FRMF, dénonçant les «hausses des salaires» et «le recrutements de cadres techniques étrangers pour des sommes faramineuses, sans aucun résultat». Les députés du Parti de la Rose affirment que la «Fédération Royale Marocaine de Football, une fois de plus, n'a pas réussi à remporter le titre continental». Pour sa part, le groupement des députés PJD n'a pas attendu pour réagir à l'élimination du onze national de la 33e édition de la CAN. Dans une question écrite destinée au département de Benmoussa, les islamistes réclament de rendre public les différents salaires et indemnités perçus par le sélectionneur national de football, le Bosniaque Vahid Halilhodzic, ainsi que le reste du staff technique, médical et administratif. Akhannouch apporte son soutient à l'équipe nationale Le site du PJD s'est invité dans la polémique suite à la défaite face à l'équipe égyptienne, pour condamner «la politisation du football». «Nous voulons que les politiques lèvent leurs tutelles sur le sport, et le laissent aux compétents (…) Nous voulons un sport qui rompt avec l'ère des "échecs" en politique, et avec ceux qui s'efforcent de reproduire l'échec partout sans pudeur». Une pique qui vise, sans le nommer, Faouzi Lekjaa qui est à la fois président de la FRMF et ministre du Budget au sein du gouvernement Akhannouch. Face à ces réactions de l'opposition parlementaire, le chef du gouvernement a saisi son passage ce lundi 31 janvier à la Chambre des représentants pour apporter son appui aux Lions de l'Atlas. «Nous avons une équipe jeune qui a montré de quoi elle est capable», a indiqué Aziz Akhannouch devant les députés. Il a révélé avoir téléphoné à des joueurs après la défaite. Il a appelé à l'impératif de continuer à soutenir le Onze national, d'autant que le Maroc affrontera, en mars prochain, la République Démocratique du Congo (RDC) en match barrage qualificatif pour la Coupe du Monde de football (Qatar-2022). Les partis de l'opposition et de la majorité ont régulièrement des prises de becs après les débâcles sportives. Pour mémoire, la sortie de la sélection nationale de la CAN de 2019, avait animé la session hebdomadaire des questions orales à la Chambre des représentants, du 8 juillet 2019, avec les interventions du PJD, Istiqlal, RNI-UC et du PPS. L'élimination des Lions de l'Atlas de la CAN de 2013 était, par ailleurs, à l'origine d'une joute verbale entre l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzzine, et un député du RNI, alors dans les rangs de l'opposition. En 2006, les députés avaient même menacé de constituer une commission d'enquête parlementaire pour mettre la lumière sur la sortie, dès le premier tour, du Maroc lors de la Coupe africaine des nations organisée en Egypte. Un projet qui n'a jamais vu le jour.