Le week-end dernier, une information de choc arrivait en une du quotidien arabophone Al Massae, mettant une fois de plus l'ancien ministre des Finances, Salaheddine Mezouar, au cœur d'une affaire de corruption. Le président du RNI a très vite réagi pour calmer les esprits. A la Une du quotidien arabophone Al Massae samedi dernier, une nouvelle affaire dénonçant la corruption à haute échelle avec pour principal concerné Salaheddine Mezouar, ancien ministre des Finances. Selon Al Massae, le député Mohamed Abbou, l'un des dirigeants du RNI, aurait déclaré, lors «d'une réunion houleuse» tenue mardi 31 juillet, avoir donné 7 milliards de centimes (soit 70 millions de dirhams) à Mezouar. Cet argent aurait servi au renflouement des caisses du parti. Le journal a ajouté, toujours d'après les déclarations d'Abbou, que Mezouar aurait offert «une valise pleine d'argent pour la destitution de l'ancien président du parti, Mustapha El Mansouri», et ce, la veille du congrès extraordinaire du RNI à Marrakech. Des informations, qui, si elles étaient avérées, auraient alimenté la tempête médiatique autour du scandale des primes touchées par l'ancien ministre des finances. «Informations dénuées de tout fondement» Aussitôt l'article d'Al Massae publié, Mohammed Abbou a nié toutes ces déclarations dans une interview accordée au journal arabophone Akhbar El Youm et publiée sur le site du parti. Il s'est dit «profondément touché par la publication de ces informations qui sont dénuées de tout fondement». «Aujourd'hui je rencontre plusieurs problèmes avec ma petite et grande famille (ndlr : le RNI), et ce, à cause de ces rumeurs affirmant que j'ai déclaré avoir donné 7 milliards de centimes à Mezouar», a déclaré M. Abbou. «Depuis la diffusion de ces rumeurs, j'ai reçu plusieurs appels téléphoniques me réclamant des explications sur ce qui en est réellement. La vérité, c'est que je suis dans une impasse. Je me retrouve dans la position de l'accusé (...) et les gens se demandent qu'est-ce que j'ai bien pu avoir en échange de cette somme...», raconte le responsable RNI. Les propos du père déformés et attribués au fils Mohamed Abbou est député RNI à Taounate, vice-président de la chambre des représentants et président de la commission des élections de son parti. Mais il est aussi le fils de Mohamed Abbou, l'un des fondateurs du RNI. Et c'est ce dernier qui était présent à la fameuse réunion de mardi dernier, qui réunissait essentiellement les membres fondateurs du parti, indique-t-il dans son interview. Au cours de la rencontre, ces derniers parlaient de tout ce qu'ils ont sacrifié pour l'évolution du parti depuis sa création en 1978 et qu'ils étaient prêts à en faire plus pour la pérennité du parti. C'est alors que Mohamed Abbou père a déclaré qu'il «a donné [depuis la création du parti] 7 milliards de centimes». Mohamed Abbou fils dit donc que cela n'avait rien à voir avec un quelconque détournement ou un arrangement «top secret» avec Mezouar. Et concernant la valise d'argent qui aurait été remise pour la destitution de Mustapha El Mansouri, M. Abbou affirme qu'il n'a jamais été question d'évincer l'ancien président du parti et qu'aucune transaction financière n'a été faite à cette fin. «Complot du PJD» Si pour Mohamed Abbou, la publication d'Al Massae est une attaque provenant de membres de son parti qui voudraient sa tête, dans les couloirs du RNI, l'on évoque «un complot du PJD». «C'est tout à fait clair !», lance notre source au siège du parti. La raison en est que «la réunion a eu lieu mardi. Normalement si Al Massae voulait parler de ce qui s'est passé durant cette rencontre, Il devait le faire, le jeudi… Mais ils ont attendu le samedi pour en parler. En plus ils ont déformé les propos. Ça ne peut être qu'un complot du PJD», estime la même source. Sur cette question les responsables même du parti sont restés injoignables. Un complot du PJD ? Pourtant après le rappel à l'ordre du roi, le parti s'est excusé auprès de Mezouar, pour le tapage médiatique auquel il a eu droit. Et si le conflit est interne au RNI, comme le laisse croire Mohamed Abbou dans son interview, que se passe-t-il réellement au sein du parti ? Qui veut la tête d'Abbou et de Mezouar ? Le quotidien Al Massae aurait-il été utilisé à des fins politiques ou alors l'article ne servait-il qu'à faire le buzz ? Quoiqu'il en soit l'article n'est plus en ligne sur le site du journal. Nous avons tenté en vain de joindre la direction d'Al Massae. Et même si l'intervention de Mohamed Abbou vise à apaiser les esprits vis-à-vis de lui d'abord et de Mezouar ensuite, ce dernier n'est pas pour autant tiré d'affaire. Un collectif d'ONG vient de dénoncer l'inaction du gouvernement quant à l'échange de primes entre l'ancien ministre des Finances et l'actuel trésorier général du royaume, Noureddine Bensouda. Mais jusque-là, l'équipe Benkirane n'a pas réagi.