Bien qu'il ne soit pas considéré comme une «démocratie», le Maroc se distingue par son régime «hybride», dans une région où «l'autoritarisme s'enracine» et «l'érosion des principes démocratiques déjà minés se poursuit», selon un nouveau rapport de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale. L'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale (IDEA), organisation intergouvernementale comprenant plusieurs Etats membres, a publié cette semaine son rapport sur «L'état de la démocratie dans le monde 2021». Comme son nom l'indique, le rapport examine l'état de la démocratie dans le monde au cours des années 2020 et 2021 en les replaçant dans le contexte des tendances observées depuis 2015. Il fournit également, entre autres, des données sur les mesures prises par 165 pays en réaction à la pandémie ainsi que leur incidence sur la démocratie. Le rapport réserve une partie au Moyen-Orient et Afrique du Nord, une région où «l'autoritarisme s'enracine dans la région», tandis que «l'érosion des principes démocratiques déjà minés se poursuit». «Cette tendance a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, les gouvernements s'en prévalant pour renforcer leur contrôle sur les citoyens, en recourant dans certains cas à la violence physique», ajoutent ses rédacteurs. Un régime «hybride» au Maroc Pour le cas du Maroc, le rapport le décrit comme faisant partie des «régimes hybrides». Ceux-ci sont définis comme «appartenant aux régimes non démocratiques», tout comme les régimes autoritaires. Toutefois, «les régimes hybrides ont tendance à avoir un espace un peu plus ouvert, mais toujours insuffisant, pour la société civile et les médias que les régimes autoritaires» au moment où «les démocraties organisent au minimum des élections compétitives au cours desquelles l'opposition a une chance réaliste d'accéder au pouvoir». Le rapport cite également les élections du Maroc, lorsqu'il évoque ces pays qui «envisagent les élections comme un moyen de sortir d'une transition compliquée». «Au Maroc, des élections municipales, régionales et législatives se sont tenues le 8 septembre 2021. Cependant, à l'époque, les rassemblements de plus de 50 personnes en intérieur et de plus de 100 personnes en extérieur restaient interdits, ce qui limitait les possibilités de campagne, sans parler de la question de participation (bien que la participation selon les autorités ait dépassé les attentes à 50%)», écrivent ses rédacteurs. Ceux-ci citent aussi le royaume comme pays où «des journalistes continuent d'être arrêtés, emprisonnés et parfois tués dans l'exercice de leurs fonctions», notamment «dans le cadre des tentatives du gouvernement de contrôler ce qui est rapporté sur la pandémie» du Covid-19. Le royaume entre l'«autoritarisme» algérien et la «démocratie» tunisienne Le Maroc fait pire que son voisin tunisien. En effet, le pays du Jasmin reste «le seul régime démocratique de la sous-région». La Tunisie est toutefois citée parmi les «huit pays (avec l'Algérie, l'Egypte, l'Iran, la Jordanie, la Libye, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis) de la région ayant pris des mesures préoccupantes pour la démocratie, les droits de l'homme et l'intégrité des médias en particulier». Le royaume se distingue, cependant, par rapport à l'Algérie, considérée par l'IDEA comme un «régime autoritaire» ; l'un des cinq en Afrique du Nord, avec l'Egypte, la Libye, le Soudan et le Soudan du Sud. Le rapport, qui évoque les manifestations du Hirak algérien, note à cet égard que «la population en général et le mouvement de contestation ont perdu presque toute confiance dans le leadership politique de leur pays face à des menaces de violence de la part d'acteurs étatiques et non étatiques, notamment des arrestations, des assassinats et des enlèvements politisés». Dans le monde et pour la cinquième année consécutive, le nombre de pays engagés sur la voie de l'autoritarisme a dépassé celui des pays évoluant vers la démocratie, alertent les rédacteurs du rapport, qui estiment que «la pandémie a conforté cette tendance négative, ce qui représente la plus longue période de recul démocratique depuis le début de la troisième vague de démocratisation initiée dans les années 1970». «Les gouvernements démocratiquement élus, y compris dans les démocraties établies, adoptent de plus en plus des stratégies autoritaires», mettent-ils en garde. De plus, «l'autoritarisme ne cesse de se renforcer au sein des régimes non démocratiques (régimes hybrides et autoritaires). L'année 2020, au regard du nombre de pays devenant de plus en plus autocratiques, a été la pire jamais enregistrée», conclut le rapport. Bilan Coronavirus dans le monde 260 064 469 Contaminations 5 182 449 Décès 235 813 303 Guérisons 54% de la population mondiale vaccinée