La passion de Mohamed El Hmidi pour les livres s'est transformée en un projet rémunérateur, encourageant les habitants de sa ville à la lecture, gratuitement. Son idée est de faire le premier pas en allant vers les lecteurs, plutôt que d'attendre qu'ils viennent vers lui. L'histoire de son amour pour les livres a commencé il y a sept ans. Au fil des années, cette passion est devenue son principal projet, à travers lequel Mohamed El Hmidi cultive l'amour de la lecture auprès du grand public, en particulier dans les zones qui manquent de bibliothèques, comme c'est le cas dans la ville de Ksar El Kébir (province de Larache) dont il est originaire. «Cette histoire d'amour a commencé pendant la période où je vivais à Casablanca. Quand je suis retourné dans ma ville en 2019, j'ai eu beaucoup de mal à trouver des livres, alors que la lecture était devenue centrale dans ma vie», a-t-il déclaré à Yabiladi. Un constat de désert culturel qu'il a également constaté auprès d'autres jeunes de sa ville. De féru de la lecture à libraire itinérant A son retour dans sa ville natale, Mohamed a décidé de monter un petit projet avec son frère, afin de subvenir à ses besoins. Mais très vite, il a dû abandonner l'aventure. «J'étais encore en train de me chercher et je ne me suis par retrouvé dans ce projet que j'ai quitté peu après m'y être impliqué. J'ai réfléchi à mes souffrances et à celles des jeunes de ma ville», a-t-il confié, indiquant que c'est ainsi que l'idée d'une bibliothèque mobile est née, une occasion en or pour faire de sa passion pour la lecture un métier. «J'ai commencé avec les moyens disponibles, en utilisant un smartphone, un vélo et une petite boîte en bois dans laquelle je transportait des livres. J'ai rencontré beaucoup de difficultés comme c'est souvent le cas à chaque démarrage d'une activité.» Le jeune homme a créé sa propre page sur les réseaux sociaux, pour faire connaître son projet appelé «Najood». Ce nom lui a été inspiré du roman «Adieu, Apamée», de l'écrivain syrien Shakīb Jābirī. A travers ses pages, il partage les nouveautés des livres à sa disposition, ce qui lui a fait gagner des fans, qui sont ensuite devenus des clients. A vélo, il commence alors à livrer les ouvrages à domicile. Jour après jour, Mohamed est devenu célèbre dans la région et a décidé d'élargir les bénéficiaires potentiels de son projet. «J'ai pensé à diffuser la culture des livres dans toutes les régions et villes qui manquent de bibliothèques. J'ai acheté une petite voiture avec le soutien de ma mère, que Dieu la protège. Elle croit beaucoup en moi et en ce que je fais. Elle me soutient matériellement et moralement dès le premier. Ses paroles resteront gravées dans mon coeur. Elle m'a dit "je suis avec toi mon fils, lance-toi"», raconte-t-il avec fierté et émotion. Mohamed a acheté une Renault 4, qu'il a aménagée sous forme de bibliothèque itinérante. Se sentant soutenu, le jeune entrepreneur a continué à peaufiner son projet, sans penser à abandonner, malgré les difficultés. Un point de rencontre pour les amoureux de la lecture En plus de vendre des livres, Mohamed El Hmidi propose la lecture gratuite sur place. Parfois, il leur prête aussi des ouvrages à lire et à rendre, pour un prix symbolique. «J'ai eu du mal à me déplacer de ville en ville, car cela demande un gros budget, sans parler de la petite taille de la voiture et de son incapacité à parcourir de longues distances. A ce jour, j'ai pu me déplacer dans quatre villes.» Parallèlement à sa bibliothèque mobile, que ses clients appellent la «voiture du bonheur», le bibliophile a mis en place «un espace de lecture en centre-ville, sous forme de petit kiosque servant de lieu de rencontre permanent pour les lecteurs». Il y propose des livres à la vente et à la lecture libre sur place. «Nous proposons également la possibilité de prêt à un prix symbolique» comme dans la bibliothèque mobile, a-t-il souligné. Mohamed aimerait que son idée rencontre un écho favorable auprès des autorités chargées des affaires culturelles dans le pays. «J'espère qu'il y aura un projet gouvernemental sincère pour encourager la lecture et l'intérêt pour les livres et les écrivains», conclut-il avec espoir. Article modifié le 2021/11/16 à 18h48