Avec l'élargissement des usages des réseaux sociaux et d'internet, la fabrication et la diffusion de fausses nouvelles et le phénomène de la désinformation massive ont «pris des proportions nouvelles et impliquent désormais de nouveaux acteurs», a déclaré Latifa Akharbach, présidente de la haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), mardi 9 novembre à Tunis. Prenant part au séminaire international du Réseau francophone des régulateurs des médias, tenu par la HAICA, Akharbach a estimé que «les contextes de crise sont certes propices à la désinformation - la circulation frénétique de fake news pendant la pandémie de la covid en est une parfaite illustration - mais force est de constater que l'on assiste à une banalisation des pratiques de désinformation». Au cours du panel sur le «rôle des régulateurs des médias dans la lutte contre la désinformation», Akharbach a pointé «le coût social et démocratique de la désinformation» de cette pratique, en plus du coût économique. «La pénétration de la désinformation et des théories du complot au sein des sociétés antagonise les relations entre individus, entre groupes et entre les individus et les institutions», a-t-elle souligné. La responsable a mis en garde aussi sur la «polarisation de la société et la mise en péril du vivre ensemble». «Le complotisme, l'une des nombreuses formes et manifestations de désinformation, affaiblit les démocraties également en visant à décrédibiliser les médias en tant que contre-pouvoir», a-t-elle encore insisté. Latifa Akharbach a noté que l'évolution des usages médiatiques avait «renforcé l'exposition à la désinformation, ce qui a alourdi la responsabilité des journalistes professionnels et des médias dans la lutte contre la désinformation et la malinformation».