Coupures intempestives d'électricité, d'eau potable et d'internet en période de forte chaleur comme celle actuelle, les habitants de Zagora se sont révoltés. Suite à des manifestations de plusieurs semaines pour un rétablissement de la situation, quatre jeunes hommes ont écopé de deux ans de prison, mais leurs chefs d'accusations restent sans explication. Habib Boubker, Abdelwahab Nourredine, Omar Labtah, Belghith Lagdimi, sont actuellement derrière les barreaux. Ils ont été condamnés chacun à deux ans de prison, assortis d'une amende de 10 000 dirhams, par le tribunal de première instance de Zagora vendredi dernier, selon la presse locale. Deux chefs d'accusations pèsent contre ces jeunes dont deux commerçants et un diplômé chômeur : «outrage au drapeau national» et «destruction de biens publics». Depuis plusieurs semaines dans la commune de M'hamid El Ghizlane à Zagora (sud du pays), la population est sujette à des coupures intempestives d'électricité, d'eau potable et d'internet. Les interruptions fréquentes d'électricité ont entrainé des dommages matériels comme la perte des appareils électroménagers, de viandes et de lait, surtout en cette période de l'année où le soleil est très souvent à son zénith. Les habitants sont, à plusieurs reprises montés au créneau, en manifestant leur mécontentement. Et c'est au cours d'une de ces manifestations qu'Habib, Abdelwahab, Omar et Belghit ont été arrêtés, il y a deux semaines. «Ils n'ont rien fait» Si les médias qui ont relayé cette information ne donnent aucune précision sur les raisons justifiant les chefs d'accusation qui pèsent actuellement sur les jeunes hommes, l'Association de défense des droits de l'homme (AMDH) clame leur innocence. «Il fait très chaud à M'hamid. C'est le Sahara, c'est le désert. Les gens utilisent beaucoup les réfrigérateurs, les ventilateurs etc… Mais à chaque fois, il y a des coupures d'électricité d'une heure, voire plus», raconte Othman, membre de l'AMDH résidant à Zagora, contacté par Yabiladi. «Les commerçants ont écrit aux autorités pour que ce problème soit résolu. Le lendemain, les jeunes sont sortis dans la rue pour manifester. Les quatre qu'on a arrêtés n'ont rien fait. C'était une marche pacifique. Ils n'ont rien fait», martèle-t-il une fois de plus. D'après ce militant associatif, «l'Etat veut faire cesser toute manifestation». «Ils ont arrêté ces quatre personnes et leur ont attribué ces accusations, juste pour que les autres jeunes aient peur et n'essaient pas de manifester à nouveau», dit-il. L'AMDH dénonce ainsi ces condamnations et envisage de mobiliser l'ensemble des associations de droits de l'homme pour réclamer la liberté de ces jeunes, indique à Yabiladi Rizco Brahim, président de la section Zagora de l'AMDH. Pour l'association, il est inadmissible, que des populations vivent dans des «conditions de vie déplorables» et n'aient pas le droit de réclamer le rétablissement de la situation. De leur côté, la direction des Affaires pénales au ministère de la Justice ainsi que celle de l'ONE/ONEP sont restées injoignables.