Des images insoutenables, une opinion publique choquée. La Corée du sud est secouée par une vidéo montrant la maltraitance subie par un migrant marocain. En Corée du Sud, l'opinion publique est bouleversée, depuis quelques jours, suite à la circulation d'images choquantes provenant d'une caméra de surveillance d'une chambre au centre de détention pour migrants. Elles montrent un ressortissant marocain ligoté, ses mains et ses pieds attachés derrière le dos et sa tête couverte d'un masque et de ruban adhésif. La séquence montre aussi comment il tente d'aller aux toilettes, sans pouvoir s'y déplacer facilement. Selon la télévision coréenne JTBC, le centre de détention se trouve dans la ville de Hwaseong, dans la province du Gyeonggi (sud-est de Séoul). «Je ne pouvais plus respirer. Je n'oublierai jamais ce qu'ils m'ont fait pour le restant de ma vie. C'est le traumatisme de ma vie», a confié le Marocain dans des déclarations à la presse. «Le temps passé dans cet état de servitude n'était que de 4 heures et 30 minutes confirmées par des images de vidéosurveillance à l'intérieur de l'abri», précise-t-il, en rappelant qu'il est arrivé dans ledit centre en mars dernier. Shocking footage emerges from an immigration detention centre in S. Korea showing a Moroccan asylum seeker (rejected) bent backwards shackled hands & feet together, head wrapped with helmet and tape. Centre claims he self-harmed and was dangerous. Via JTBC https://t.co/nHBjc7MEPI pic.twitter.com/M96VDuN9My — Raphael Rashid (@koryodynasty) September 28, 2021 «Les centres de détention pour étrangers ne sont pas des lieux où les criminels sont emprisonnés. La méthode consistant à attacher les mains et les pieds derrière le dos est déjà pratiquée dans ces centres depuis des décennies, bien qu'elle soit interdite», fait remarquer l'avocat du ressortissant, âgé d'une trentaine d'années et qui a porté plainte. Mercredi, des associations de défenses des droits humains des migrants ont dénoncé l'usage excessif de la force contre le Marocain, appelant à identifier les responsables et à prendre des mesures pour empêcher que cela ne se reproduise, rapporte Korea Times. Les ONG ont tenu une conférence de presse, devant la Commission nationale des droits de l'Homme du pays. Le ressortissant est arrivé en Corée en octobre 2017 en tant que demandeur d'asile. Il a été envoyé au centre de détention en mars 2021, après un arrêté d'expulsion à son encontre. Il a protesté contre les conditions de sa détention et a demandé l'accès à un traitement médical pour les maladies mentales et physiques dont il souffrait, mais ses demandes ont été rejetées, précise-t-on. De nombreux actes de maltraitance A la suite d'altercations physiques avec des agents, il a été placé plusieurs fois en isolement. Selon Korea Times, il «a été mis en isolement une douzaine de fois au total, passant un tiers de son temps au centre dans une cellule de 10 mètres carrés, la plus longue période étant de 11 jours». «Nous avons également soumis les détails de l'affaire au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et au Comité des Nations unies contre la torture», a indiqué l'Association for Public Interest Law, qui a annoncé avoir déposé une requête auprès du ministère coréen de la Justice pour exiger sa libération immédiate du Marocain. L'affaire a fait réagir le département coréen, qui a décrit une «mesure minimale pour la vie et la sécurité de la personne concernée». Dans un communiqué, le ministère a déclaré qu'il mène une enquête, en avançant toutefois que le Marocain aurait «cassé des installations telles que des conduits d'eau, des fenêtres et des toilettes pendant environ six mois, et a frappé et blessé le personnel du centre». Article modifié le 2021/09/30 à 18h19