Cet été risque d'être chaud et socialement tendu au Maroc à cause de l'augmentation des prix de l'essence et du gasoil annoncée samedi dernier (cf notre article). Une augmentation qui a provoqué la colère des usagers de la route (cf notre article) mais également des transporteurs et des différents syndicats marocains. D'ailleurs ces derniers n'ont pas l'intention de courber l'échine. Ils préparent actuellement des actions pour manifester leur mécontentement face à cette hausse. Un litre d'essence qui augmente de 2 dh pour atteindre les 12,24 dh et le gasoil qui prend un dirham, pour passer de 7,20 dh à 8,20 dh. C'est sûr et certain, l'été 2012 ne sera pas de tout repos pour les plus démunis, les ouvriers, les taxis, les transporteurs et les syndicats. +10% pour le transport de marchandises Surtout lorsqu'on sait que cette augmentation ne va pas tarder à se répercuter dans d'autres secteurs, tel un effet de domino. A commencer par celui des transports. La Fédération du Transport de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc a tout de suite réagi. Elle a envoyé ce matin un communiqué de presse à Yabiladi dans lequel elle exhorte les donneurs d'ordre, les commissionnaires et les opérateurs du transport et de la logistique à prendre en considération la hausse des carburants pour établir de nouveaux tarifs, que ce soit dans le transport de marchandise et celui des personnes, sans exception. Cela veut dire que la hausse des carburants va faire augmenter de 10% le prix de revient du transport routier de marchandises et de 7% les tarifs du transport de voyageur. "Le gouvernement est du côté des riches !" Du côté des syndicats, c'est la colère et l'incompréhension. «Nous considérons que cette hausse des carburants est la réponse inadéquate du gouvernement suite à notre marche organisée le 27 mai dernier qui avait réuni différentes forces syndicales et représentations de la classe ouvrière. Le gouvernement de Benkirane a raté le coche. Cette augmentation ne va faire que se répercuter sur toutes les denrées qui se vendent, que ce soit le pain, les fruits et légumes mais également sur le transport.», déclare Mustapha Brahma, membre du bureau exécutif de la Confédération Démocratique du Travail, joint par nos soins. «Le gouvernement a fui ses responsabilités. C'est un gouvernement qui se met aux côtés des riches et qui écrase les plus pauvres ! Au lieu de s'asseoir avec les syndicats et de discuter pour trouver des solutions, le gouvernement a pris une décision sans nous concerter. Désormais c'est à nous, syndicats, de réfléchir aux mesures que l'on va prendre pour riposter», poursuit-il. Les MRE vont trinquer aussi Coïncidence ou hasard de calendrier, la hausse des carburants est intervenue quelques jours avant le début de l'opération Marhaba qui lance le coup d'envoi de l'arrivée des Marocains du monde dans leur pays d'origine. «Bien entendu que cette hausse va se répercuter sur les MRE ! Eux aussi vont avoir l'honneur de goûter à ce cocktail estival que nous a préparé le gouvernement», lance ironiquement Mustapha Brahma. Réflexion avant l'action Ainsi, les membres de la CDT vont se réunir dans les prochains jours pour décider des mesures qu'ils souhaitent prendre avant d'entrer en concertation avec d'autres syndicats pour mener des actions communes. Interrogé sur les actions que souhaite proposer la CDT, Mustapha Brahma répond : «Nous sommes ouverts à toutes les possibilités. Tout est possible et nous déciderons de cela avec les autres syndicats. Mais ce que je peux vous dire c'est qu'on fera tout pour défendre la classe ouvrière», sous entendant que ces actions pourraient aller à des manifestations dans la rue, des grèves et même entraîner des blocages comme cela a été le cas en 2010 lorsque des manifestations ont été organisées pour dire non à l'adoption du nouveau code la route.