Impossible de circuler cette après-midi à l'intersection du boulevard Hassan II et Rachidi à Casablanca. Alors que le rang d'agents de la sureté nationale et de policiers tentent de fluidifier la circulation, une centaine de chauffeurs de taxis manifestent devant l'enceinte de la Wilaya de la métropole. Manifestant contre la hausse des carburants, grands et petits taxis se sont donnés rendez-vous pour crier leur rage et menacer de répercuter la hausse sur les prix des courses, à raison d'au moins 1 DH par trajet. Quand bien même certains protestants seraient tentés de faire le pied de grue - jusqu'à ce qu'accord s'en suive avec les responsables - la colère des chauffeurs est telle que toute proposition d'entente est rejetée d'emblée par la foule. La tension est telle que les autorités ont même dû intervenir de manière plus musclée. Bien que cette première manifestation n'a pas mobilisé les 14.000 taxis que compte Casablanca, les organisateurs parlent déjà d'une "première action qui devrait être suivie de plusieurs autres grèves". Contacté par Lesechos.ma, Mohamed Dehbi, affirme qu'une "grève nationale est en cours de préparation". Bien que le syndicat général des taxis n'ait pas pris part à cette marche qu'il qualifie d'improvisée, son secrétaire général est d'avis qu'une telle manifestation doit impliquer "les professionnels du transport mais également les citoyens lambdas car ils sont également touchés par cette hausse", et pour cause, à en croire Dehbi, "cette augmentation représente une charge quotidienne de 50 DH supplémentaires pour les grands taxis et de 30 DH pour les petits taxis". Le syndicat, qui a tenu son assemblée générale dimanche, prévoit donc d'envoyer une plateforme de recommandations aux ministères impliqués, en l'occurrence Abdelilah Benkirane, Mohand Lansaer, Abdelaziz Rabbah, et Mustafa Ramid. Retour sur la place des Nations Unies, où les camionneurs sont venus en renfort soutenir l'action des taxis, annonçant ainsi la montée en charge de la gronde des transporteurs. S'agissant de ces derniers, l'une de leurs principales doléances concerne "l'instauration d'un gasoil professionnel comme prévu dans le contrat-programme du transport de marchandises et comme c'est également le cas en Europe. Selon les concernés, cela pourrait changer beaucoup de choses dans ce "dialogue de sourds", car "il en va de la compétitivité des entreprises marocaines". La hausse des carburants a d'ailleurs fait ressortir le vieux dossier de la couverture sociale. Les fédérations de transport ont tenu aujourd'hui même une réunion «de prise contact avec le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane» au cours de laquelle les professionnels ont soulevé l'impact de ces hausses sur leur chiffre d'affaires. Selon ces derniers, les transporteurs ne seraient pas contre la hausse des prix du carburant, mais demandent à ce que cette mesure soit accompagnée par une mise à niveau du secteur (transport de marchandises et de voyageurs). A l'issue de cette réunion, Benkirane a demandé à ce que toutes les doléances des transporteurs lui soient remises par écrit dans les prochaines 48 heures. Il a également été décidé de constituer des commissions de travail qui devraient se réunir quotidiennement pour arriver à une solution.