Après l'annonce par le gouvernement de la hausse des prix de l'essence, du gasoil et du fuel, on s'attendait à ce que cette décision ait des répercussions sur les prix de vente des marchandises et les produits de consommation en général et sur les prix des transports des biens et des personnes. Effectivement, des majorations ont touché le transport des marchandises et le transport en commun. Dans un communiqué de presse publié sous forme de placard publicitaire - payant évidemment - dans certains journaux au lieu d'être mis à la portée de tous les citoyens sous exception, la Fédération du Transport, relevant de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (UGEM), a mentionné que l'augmentation totale du prix de revient du transport routier de marchandises pour compte d'autrui s'élève à compter du 2 juin 2012 à près de 10 %. Cette augmentation sera incluse dans l'établissement des tarifs contractuels de transport de marchandises et la facturation à partir du 1er juin 2012. Pour ce qui est du transport routier de personnes, la Fédération du Transport « demande aux pouvoirs publics de procéder à la répercussion de l'augmentation du prix du gasoil dans la fixation des nouveaux tarifs de transport de voyageurs ». Dans les faits, les transporteurs des personnes vont procéder à des augmentations systématiques obligeant tous ceux qui utilisent les taxis-grands et petits-, les bus, les autocars et les chemins de fer comme moyen de transport, à supporter ces nouvelles hausses, ce qui impliquera de toute évidence un rétrécissement de leur revenu et une altération grave de leur pouvoir d'achat. De plus, les camionneurs qui transportent les légumes, les céréales, les sacs de blé, de farine, le ciment et tous les produits commercialisés pourraient décider à leur guise des majorations des prix sans tenir compte de ce qui a été annoncé par la Fédération du Transport et de ce que va décider le gouvernement en fin de compte. On est donc en droit de craindre que, compte tenu du fait que les circuits de commercialisation ne sont pas parfaitement maîtrisés, les intermédiaires et les spéculateurs profiteront de l'occasion pour augmenter les prix sans aucune justification et que le pauvre consommateur, impuissant et sans défense, soit contraint de supporter seul les retombées néfastes de ces hausses des prix du transport provoquées par celle des prix du carburant à la pompe. Certes, le chef du gouvernement a annoncé que les hausses des prix des produits alimentaires transportés seront minimes (quelques centimes) et qu'un contrôle aura lieu afin que la spirale des hausses des prix soit arrêtée et pour que les augmentations ne touchent pas l'ensemble des produits et services. Les services économiques des wilayas et préfectures, les agents chargés du contrôle des activités commerciales et du respect des prix doivent rester vigilants, procéder à des contrôles stricts et permanents et exiger l'affichage des prix et le respect des tarifs réglementaires. L'augmentation des prix du carburant donnera sûrement lieu à des majorations abusives des prix par des personnes avides de gains illicites et qui ne tiennent nullement compte des intérêts des consommateurs et de l'intérêt public en général. Le Ramadan aura lieu dans quelques semaines et nous craignons fort bien qu'au lot des hausses auxquelles il donne lieu habituellement s'ajoutent celles provoquées par les majorations illégales des prix des produits consommés par les citoyens. L'opinion publique s'attend toujours à connaître la nature des mesures d'accompagnement - qui tardent à venir - et qui auraient dû être annoncées en même temps que l'augmentation des prix de l'essence et du gasoil. Le devoir du gouvernement est de répondre aux attentes des populations et de protéger le pouvoir d'achat des couches démunies face aux spéculateurs et aux intermédiaires qui sont à l'origine du renchérissement des prix des produits de première nécessité consommés par le citoyen.