La princesse Anne, fille d'Elisabeth II a inauguré ce jeudi à Gibraltar un hôpital militaire qui porte son nom. La présence d'un membre de la famille royale d'Angleterre sur le rocher a suscité de vives protestations en Espagne qui revendique toujours cette colonie britannique. Anne a été reçue le mercredi par les autorités de Gibraltar. Une fanfare militaire a même été joué à son honneur. Elle retournera en Angleterre dans la journée du vendredi malgré « la colère et la consternation » du gouvernement espagnol. Cette visite a été évoquée depuis Bruxelles où le sommet de l'OTAN se tient. « J'ai eu l'occasion d'exprimer le rejet de la visite de la princesse Anne à Gibraltar à mon collègue britannique David Milliband » a déclaré Miguel Ángel Moratinos, ministre espagnol des Affaires Etrangères, ajoutant que ceci porte « atteinte à la sensibilité de tous les Espagnols ». En mi-janvier, le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires Etrangères, Angel Lossada, avait déjà fait part du « malaise » de son pays dès l'annonce de cette visite. Gibraltar a été cédé à perpétuité à l'Angleterre par l'Espagne par le Traité d'Utrecht en 1713. De plus ses 30.000 habitants sont majoritairement hostiles à un rattachement à l'Espagne. L'affaire nous rappelle une autre, celle de la visite des dirigeants espagnols à Ceuta et Melilla. José Luis Rodriguez Zapatero avait effectué une visite de deux jours, en février 2006 dans les enclaves de Ceuta et Melilla. Une année après, le roi Juan Carlos en personne et la reine Sofia ont rallumé le feu. Comme une provocation, ils s'étaient rendus le 6 novembre (fête de la Marche Verte) 2007 dans ces enclaves sur le littoral nord du Maroc. Les deux visites qui ont soulevé de vives polémiques étaient perçues comme « une atteinte aux convictions profondes du peuple marocain, attaché à son intégrité territoriale ». Face aux positions et déclarations marocaines, Zapatero a souligné à l'époque que les relations entre Madrid et Rabat sont « très bonnes et continueront d'être très bonnes ». Sa vice-présidente, Maria Tesa Fernandez de la Vega, ajoutait que les relations entre Rabat et Madrid sont « extraordinairement bonnes » et « fondées sur une affection sincère et un respect mutuel ». On retrouve là, la fameuse position du pompier-pyromane. Les dirigeants ainsi que les médias espagnols n'avaient pas imaginé à l'époque qu'un an et demi plus tard, ils allaient se retrouver dans la même situation que le Maroc, avec une monarchie britannique aussi peu soucieuse de la sensibilité des espagnols. « Tout ce qui est injuste nous blesse, lorsqu'il ne nous profite pas directement » disait le moraliste français Vauvenargues. Leçon: ne fait jamais à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse à toi même!