Le roi d'Espagne Juan Carlos a entamé, lundi 5 novembre, une visite de deux jours dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées au nord du Maroc, la première depuis son accession au trône en 1975, suscitant la vive réprobation de Rabat qui revendique ces territoires. "L'Espagne doit comprendre que le temps du colonialisme est révolu", a lancé le premier ministre marocain Abbas El-Fassi, lors d'une session parlementaire consacrée lundi à la visite du roi Juan Carlos. "Ceuta et Melilla font partie intégrante du territoire national et leur récupération se fera par des négociations directes comme ce fut la cas pour Tarfaya, Sidi Ifni et pour le Sahara marocain", a-t-il ajouté. La visite actuelle de Juan Carlos "est de nature à influer sur les relations entre les deux pays et sur la sécurité et la stabilité dans la région méditerranéenne", a averti le premier ministre."Le royaume du Maroc a toujours œuvré pour que la récupération des territoires occupés par l'Espagne se fasse de manière pacifique", a indiqué le chef du gouvernement marocain. "INTÉRÊTS COMMUNS" A Rabat, des députés marocains devaient être reçus en fin d'après-midi par l'ambassadeur d'Espagne pour lui faire part de leur malaise. "Il y a tellement d'intérêts communs que la rupture diplomatique reste à exclure", estimait cependant le journal marocain L'Economiste. Le ministre espagnol des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, avait exprimé dimanche l'espoir que les bonnes relations entre Madrid et Rabat permettraient de "surmonter les sensibilités". L'Espagne exerce sa souveraineté sur Ceuta depuis 1580 et sur Melilla depuis 1496, conçues à l'origine comme des postes avancés après la "reconquête" de l'Andalousie par les rois catholiques contre la présence arabe.