Au bout d'un mois d'échange en «assise territoriales» entre les préfets et les acteurs locaux représentatifs des musulmans de France, le ministère de l'Intérieur envisage une séquence nationale, cet été. Ce rendez-vous permettra de restituer les travaux de ces concertations, afin de mieux définir la nouvelle organisation de l'islam dans le pays. Derrière une structuration voulue «au plus près du terrain», le département en charge des cultes tend à rompre avec le principe de l'interlocuteur unique, a fait savoir Francetv Info ce lundi. «Jusqu'ici, c'était l'antenne régionale du CFCM, donc un échelon moins local», a indiqué le média, suggérant une prochaine disparition du Conseil français du culte musulman en tant qu'interlocuteur des pouvoirs publics. «Demain, dans chaque département, le préfet aura une ou plusieurs associations au bout du fil», afin de travailler avec «une diversité d'acteurs pour discuter du quotidien». Dans cette configuration, la forme actuelle du CFCM est vue par le gouvernement français comme «à bout de souffle, minée par les conflits internes», voire «assez peu représentative de ce qu'est l'Islam de France». En d'autres termes, le département du ministre Gérald Darmanin est favorable à une distinction entre l'organisation du culte – «l'ouverture de salles de prière, l'aménagement de mosquées, les dispositions pratiques pour l'Aïd» – et le théologique, comme les prêches. Ce dernier aspect serait alors du ressort du Conseil national des imams, en tant qu'«interlocuteur de l'Etat sur des enjeux de laïcité, d'égalité femme/homme par exemple». «C'est cette instance qui doit clarifier ce qu'est un islam séculier par opposition à des lectures plus radicales du Coran», explique Francetv Info, soulignant par ailleurs que «la tâche est immense». En effet, l'entourage du ministre s'attend à ce que cette réorganisation ne bénéficie pas rapidement du consensus total des instances cultuelles, comme celles qui ont refusé de signer la «Charte pour l'islam de France» et qui, de ce fait, ont été exclues des assises territoriales. Pour les collaborateurs de Darmanin, «la balle est dans [le] camp» de ces organisations, qui gagneraient à ne pas être «ostracisées».