Tout en se fixant une ambition pour le royaume à l'horizon 2035, la CSMD définit cinq objectifs de développement interdépendants et complémentaires pour un Maroc prospère, inclusif, durable, audacieux et de compétences et propose d'accompagner les objectifs de développement avec une sélection d'indicateurs. Dans son rapport, présenté mardi au Roi Mohammed VI, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) consacre une partie à «l'ambition pour le Maroc à l'horizon 2035». Il s'agit d'une «proposition de valeur qui exprime et caractérise le sens et le niveau de développement souhaité à l'horizon 2035», qui «joue le rôle d'une boussole» et «reflète les principales aspirations des Marocains», explique-t-elle dans son rapport final. «En 2035, le Maroc est un pays démocratique, où toutes et tous sont en pleine capacité de prendre en main leur devenir et de libérer leur potentiel, de vivre en dignité au sein d'une société ouverte, diverse, juste et équitable. C'est un pays créateur de valeur, qui fructifie ses potentialités de manière durable, partagée et responsable. Capitalisant sur ses progrès significatifs à l'échelle nationale, le Maroc s'érige en puissance régionale exemplaire, à l'avant-garde des grands défis qui interpellent le monde.» L'ambition pour le Maroc à l'horizon de 2035 Cinq objectifs de développement à relever Cette ambition intègre des partis-pris qui projettent le Maroc dans l'avenir, écrit la CSMD, en citant notamment «l'attachement au choix démocratique et à l'Etat de droit» et «la valorisation du capital humain et des capacités des citoyennes et des citoyens comme levier premier d'égalité des chances, d'inclusion active, d'exercice de la citoyenneté et d'accès au bien-être». Le rapport cite aussi «l'attachement à ce qui fait la singularité du Royaume», à «l'égalité femmes-hommes et à la consécration de la place et du rôle de la femme dans l'économie et dans la société» et le «choix d'un mode de création de valeur inclusif, qui fait fructifier toutes les potentialités, assure un partage équitable des richesses créées». Il s'agit également de «l'impératif d'un mode de création de valeur soucieux de la préservation de l'environnement et des ressources naturelles» et «l'attachement à un Maroc ouvert et pionnier qui participe activement au bienêtre de ses citoyens et au progrès mondial». Pour atteindre cette ambition, la CSMD émet plusieurs recommandations. Elle estime que «le Maroc devra relever de nombreux défis et réaliser un rattrapage nourri par des progrès significatifs dans des domaines marqués par des déficits importants, qui constitueraient des freins au développement s'ils n'étaient pas significativement améliorés». Il sera également «nécessaire de saisir avec audace toutes les opportunités à la portée du Maroc pour accélérer son développement, en prenant des paris d'avenir et des objectifs d'excellence dans des domaines stratégiques et transformationnels», affirme le rapport. Les MRE, «levier important» pour l'amorçage du nouveau modèle de développement Dans ce cadre, l'atteinte de l'ambition exige de «relever simultanément cinq objectifs de développement interdépendants et complémentaires, que sont la prospérité, la capacitation (empowerment), l'inclusion, la durabilité, et le leadership régional dans des domaines ciblés, à travers des paris d'avenir audacieux», note la CSDM. Une quinzaine d'indicateurs du développement D'ailleurs, pour le leadership régional, le rapport indique que le royaume «appuie son ambition par sa détermination à relever des paris d'avenir audacieux, qui ensemble feraient du Maroc un pôle économique et de savoirs parmi les plus dynamiques et les plus attractifs de la région et du continent». Le document évoque, dans ce sens, cinq paris d'avenir : devenir une nation numérique, où le potentiel transformationnel des technologies numériques est pleinement mobilisé, s'ériger en hub régional de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation et devenir le champion régional de l'énergie à bas carbone. Il s'agit aussi d'«acquérir le statut de Pôle financier Régional de référence» et de «faire du Made in Maroc un marqueur de qualité, de compétitivité et de durabilité, accélérant l'intégration dans les chaînes de valeur mondiales et régionales». Pour donner une consistance claire à ces objectifs de développement, la Commission propose de les accompagner d'une sélection d'indicateurs ayant pour vocation de cristalliser les objectifs premiers du nouveau modèle, de manière explicite, chiffrée et quantifiable. Dans ce sens, les indicateurs de résultats du NMD tablent, entre autres, sur un PIB par habitant qui passe de 7 826 à 16 000 dollars d'ici 2035. Le rapport aspire également à faire en sorte que plus de 90% des élèves devront posséder les compétences scolaires fondamentales à la fin du cycle primaire, contre moins de 30% en 2020. La Commission suggère de réduire le taux d'emploi dans le secteur informel à 20% et augmenter le taux de participation des femmes au marché du travail à 45% contre 22% actuellement. Le nouveau modèle de développement vise aussi à atteindre un taux de satisfaction des citoyens vis-à-vis des services publics et d'accélérer le taux de croissance économique qui doit passer à 6% en moyenne. Pour cela, le Maroc doit, selon le même document, initier une chaîne de transformation de son tissu économique.