Création de valeur, inclusion des jeunes et des femmes, mise à niveau du capital humain, moralisation de la vie politique, renforcement de la fonction régulatrice de l'Etat..., voilà quelques objectifs fixés par la Commission spéciale sur le modèle de développement pour son ambition 2035. « En 2035, le Maroc est un pays démocratique, où toutes et tous sont en pleine capacité de prendre en main leur devenir et de libérer leur potentiel, de vivre en dignité au sein d'une société ouverte, diverse, juste et équitable. C'est un pays créateur de valeur qui fructifie ses potentialités de manière durable, partagée et responsable. Capitalisant sur ses progrès significatifs à l'échelle nationale, le Maroc s'érige en puissance régionale exemplaire à l'avant-garde des grands défis qui interpellent le monde ». Voilà, en substance, l'ambition retenue pour le Royaume par la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD). 5 objectifs de développement Cette ambition, qui « met l'humain et le citoyen en son centre», intègre, selon le très attendu rapport sur le nouveau modèle de développement (NMD), une série de « partis-pris », qui devraient permettre de projeter le Royaume dans l'avenir. L'attachement au choix démocratique et à l'Etat de droit, la valorisation du capital humain et des capacités des citoyennes et des citoyens, l'attachement à ce qui fait la singularité du Royaume, le choix d'un mode de création de valeur inclusif, l'attachement à l'égalité femmes-hommes et l'impératif d'un mode de création de valeur soucieux de la préservation de l'environnement, tels sont les « partis-pris » qui composent l'ambition du CSMD. « Cette vision du développement se veut structurelle et capable de durer dans le temps », précise Chakib Benmoussa, président du CSMD.
Pour y arriver, les membres de la Commission ont identifié cinq objectifs de développement « interdépendants et complémentaires » à relever simultanément, à savoir : la prospérité, la capacitation (empowerment), l'inclusion, la durabilité et le leadership régional. En clair, le Royaume est appelé à créer « des richesses et des emplois de qualité à la hauteur de son potentiel », ce qui passe par un « rehaussement significatif » des capacités du pays à créer de la valeur et des emplois de qualité pour tous ou encore par une répartition équitable « des fruits de la croissance ». Cet effort de création de valeur et d'emplois est conditionné à la mise en place d'une économie « dynamique, entrepreneuriale, diversifiée, productive et innovante », conjugué à un tissu économique composé d'entreprises compétitives et résilientes. L'empowerment passe, pour sa part, par la mise en place d'un « Maroc des Compétences », soit un capital humain aux capacités et compétences renforcées. L'inclusion signifie, de son côté, des opportunités offertes à tous, via l'autonomisation, la capacitation de l'ensemble des Marocains et le renforcement de la protection des plus vulnérables. La CSMD a ainsi mis l'accent sur l'inclusion des jeunes qui représentent 25% de la population. Autres objectifs fixés par le NMD : « La durabilité des ressources et la protection de la biodiversité » et l'atteinte d'un leadership régional dans des « domaines d'avenir ciblés ». Devenir une nation numérique, s'ériger en hub régional de l'enseignement supérieur et de la recherche, acquérir le statut de pôle financier régional de référence, devenir le champion régional de l'énergie à bas carbone ou encore faire du Made in Ma- roc un marqueur de qualité, de compétitivité et de durabilité, tels sont les domaines identifiés par le NMD pour asseoir la place du Royaume en tant que puissance régionale majeure d'ici 2035. Un Etat fort et solidaire nécessaire au NMD Des objectifs ambitieux qui passent par l'adoption de nouveaux référentiels, doctrines et principes de développement. Ce qui doit se traduire, selon la Commission, par la mise en place d'une nouvelle doctrine organisationnelle qui repose sur la complémentarité entre un Etat fort et une société forte. « Il est à souligner que cette proposition de doctrine ne signifie pas moins d'Etat, mais mieux d'Etat», le NMD dépendra ainsi de la réforme de l'institution étatique pour en faire un Etat visionnaire, stratège, protecteur, régulateur et efficace. « En somme, il s'agit d'un Etat plus fort qui tire sa force de sa capacité à orienter et administrer avec un cap clair et lisible pour tous ». Cette volonté de refonte de l'appareil d'Etat fait, rappelons-le, également partie des objectifs de l'Istiqlal en cas de résultats positifs aux prochaines élections législatives. Preuve en est les récentes sorties du SG du parti, Nizar Baraka, qui milite pour un renforcement des prérogatives de l'Etat, notamment en termes de régulation économique et de décentralisation pour limiter les effets dévastateurs de l'ultralibéralisme, dont le principal symptôme reste l'explosion des inégalités. Le NMD préconise, par ailleurs, le parachèvement effectif de la réforme de la justice conformément aux Résolutions de la charte de la réforme du système judiciaire. La mise en place effective de ce chantier ambitieux sera confiée à des mécanismes de suivi et d'évaluation, à l'image du Pacte National pour le Développement, qui représente un socle commun qui aura pour mission de favoriser les conditions de lisibilité des grands choix de développement à moyen et long termes. Ce pacte devra également assurer une veille des réalisations et informer directement les citoyens de l'avancement du chantier. Le Conseil a également prévu la mise en place d'un mécanisme sous l'autorité de SM le Roi, pour assurer le suivi du NMD, l'impulsion des chan- tiers stratégiques et l'appui à la conduite du changement, conformément à la Constitution. «Nous avons préconisé un mécanisme de suivi et d'impulsion placé au près de Sa Majesté, qui per- mettra de veiller à la cohérence d'ensemble et éviter le travail en silos, tout en favorisant les synergies. D'ailleurs, la portée et la durée prévue pour ce modèle de développement dépasse de loin la durée d'un mandat gouvernemental », explique Benmoussa.