Alors que médias espagnols et algériens affirment que le contrat relatif au gazoduc Maghreb-Europe transitant par le Maroc «ne sera pas renouvelé» sous le prétexte de la crise hispano-marocaine, des sources au ministère marocain de l'Energie affirme que les négociations sont toujours «en cours». Au paroxysme de la crise politique et migratoire entre le Maroc et l'Espagne, des voix à Madrid et Alger anticipent une éventuelle crise énergétique. Motif de l'inquiétude : le gaz naturel importé par Madrid depuis l'Algérie et qui transite, en partie, via le Maroc par le gazoduc Maghreb-Europe. Ainsi, le média espagnol El Confidencial Digital a rapporté que les autorités espagnoles se tournent vers l'Algérie pour «garantir l'approvisionnement» depuis le voisin de l'Est, en précaution du risque d' «aggravation de la crise» avec le Maroc. «Le conflit avec le Maroc complique le renouvellement de l'accord d'utilisation du gazoduc Maghreb-Europe, qui expire dans quatre mois. Il constitue l'un des principaux intrants gaziers de l'Espagne», s'inquiète le média. Citant des sources de la direction économique au sein de l'exécutif espagnol, il a ajouté que Sonatrach, la société algérienne publique en charge de l'exploitation gazière dans le pays, «peut utiliser MedGaz», l'autre gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne, afin de «transporter intégralement les 10 milliards de mètres cubes de gaz» achetés par le Royaume ibérique. Une alternative donc qui permettra à l'Espagne de continuer à importer du gaz «sans avoir à passer par le Maroc». Une inquiétude qui fait écho en Algérie «Les tensions politiques dans les deux pays d'Afrique du Nord conduisent l'Algérie à riposter contre le Maroc. Un scénario qui, dans ce contexte d'escalade des tensions avec Rabat, profite à l'Espagne», poursuit la même source qui estime que «si l'Algérie est prête à ne pas renouveler le contrat avec le Royaume, le Maroc devra faire face à de grandes difficultés : acheter près de la moitié de sa consommation de gaz sur un marché indexé sur le Brent, en constante augmentation, et sans le soutien de l'Espagne». «Mais la concession du gazoduc Maghreb-Europe, qui expire en octobre prochain, reste essentielle pour garantir un approvisionnement sûr à l'Espagne», reconnaît-il. Des informations exprimant l'inquiétude des autorités espagnoles qui ont été reprises, depuis, par les médias algériens. Ainsi, Algerie-Eco a affirmé, ce lundi, que «le Maroc compte ne pas renouveler l'accord d'exploitation du gazoduc Maghreb-Europe qui traverse son territoire pour approvisionner l'Espagne et le Portugal en gaz à partir de l'Algérie». Pour sa part, le journal L'Expression a assuré que c'est plutôt l'Algérie qui «aurait décidé de ne pas renouveler le contrat d'exploitation du gazoduc Maghreb-Europe sur une longueur de 1400 kilomètres, dont 540 kilomètres traversent le Maroc, en partant du gisement algérien de Hassi R'mel dans le sud du pays». «Une décision, autant pour des raisons économiques que politiques et même un peu plus, qui serait prise après la mise en service, par l'Algérie, de l'extension du gazoduc Egpdf, entre El Kasdir-El Aricha (Naâma) et Beni Saf (Aïn Témouchent)» et qui «s'inscrit dans le cadre du renforcement des capacités d'exportation du gaz algérien via le gazoduc Medgaz», ajoute le journal. Les négociations sont en cours entre Alger et Rabat Toutefois, du côté des autorités marocaines, ces informations sont considérées comme «fausses». Contactée ce lundi par Yabiladi, une source autorisée au sein du ministère de l'Energie, des mines et de l'environnement, a balayé d'un revers de main les informations faisant état du non renouvellement du contrat d'exploitation du gazoduc Maghreb-Europe. «Les négociations (entre le Maroc et l'Algérie, ndlr) portant sur le renouvellement de ce contrat sont en cours», assure-t-elle, en ajoutant que «les médias algériens et espagnols peuvent écrire ce qu'ils veulent». «Le gazoduc Maghreb-Europe est une infrastructure importante et dont tout le monde a besoin», tranche notre source. Des déclarations qui rejoignent celles tenues, en septembre 2018, par l'ex-président-directeur général de Sonatrach. Lors d'une conférence de presse pour démentir des informations relayées par la presse de son pays, Abdelmoumen Ould Kaddour avait assuré qu'il «n'y a pas de raisons qui pousseront l'Algérie à arrêter l'exportation de son gaz via le Maroc». A l'époque, le ministre marocain de l'Energie, des mines et l'environnement, Aziz Rebbah avait lui aussi démenti les informations. «L'Espagne, le Maroc et l'Algérie ont besoin de coopération dans ce secteur», avait-il dit, sans écarter le renouvellement, fin 2021, du contrat liant le Maroc et l'Algérie. A rappeler que la partie se trouvant au Maroc du gazoduc Maghreb-Europe, mis en service en novembre 1996, suite à un accord intergouvernemental Algérie-Espagne-Maroc conclu en avril 1991, devrait devenir une propriété du Maroc à partir de cette année, après l'expiration de la convention de transit conclue avec les autorités algériennes.