Le 11 Mai à 15h49, je reçois un mail dont l'objet était intitulé «Mise au point de Driss Ajbali - Affaire du mail détourné». Ce courriel m'est envoyé par M. Ajbali lui-même avec une adresse personnelle (un compte gmail). Il contient une pièce jointe, un pdf intitulé «ajbali-contre-attaque». Qui est M. Ajbali ? Quelle est cette histoire d'attaque et de contre attaque ? Par prudence, et pour m'éviter les désagréments d'un virus en ouvrant la pièce jointe, je clique sur google pour m'aviser de l'identité de l'expéditeur. En deux clics, j'apprends que M. Ajbali est le directeur du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger, instance que je ne connaissais pas et qui, semble-t-il, a vocation en somme à représenter les intérêts des MRE (comme moi) au Maroc. Deux clics supplémentaires, et je prends connaissance de la polémique. Rassuré, j'ouvre le fichier pdf qui m'a été expédié par M. Ajbali, en m'interrogeant néanmoins sur la manière dont ce Monsieur a bien pu obtenir mon email, et encore plus sur les raisons qui l'ont amené à m'adresser un courriel personnel. Egalement, je note, en tant que MRE, que le premier courriel que je reçois du directeur du CCME n'a pas vocation à me parler de l'institution, ses projets et son fonctionnement, mais me projette, dans ce premier rapport avec elle, dans une polémique. Soit ! Le fichier est une interview que mon expéditeur a donnée à l'hebdomadaire Le Canard Libéré. Il s'y explique sur une polémique, mais également sur les critiques dont semble être l'objet l'institution qu'il dirige. Il parle d'une polémique suscitée par un mail envoyé aux membres du CCME avec son adresse (professionnelle). Ce mail contient des éléments très troublants, entre autres choses l'existence d'une supposée caisse noire. M. Ajbali affirme n'avoir jamais envoyé ce mail, et que sa «boite a été détournée et que le mail en question était parti d'un ordinateur étranger à [leur] environnement». Deux clics et je trouve ce mail. Je le lis, et je suis porté à croire M. Ajbali. Il me laisse le sentiment d'avoir été rédigé par une personne qui, débordée par son envie de nuire, en a oubliée d'être adroite, les ficelles sautant aux yeux, à mes yeux tout du moins. L'affaire eût pu s'en terminer là pour moi, mais certains propos de M. Ajbali m'ont interpellé et pour le moins choqué. Tout d'abord, dans cette interview, il reproche au site yabiladi.com d'avoir diffusé ce mail et annonce vouloir porter plainte contre lui, en outre il met en cause la journaliste ayant révélé l'existence de ce mail, et la manière m'a proprement stupéfait : «Elle a essayé de me relancer avec des questions imbéciles du type "Qui l'a fait ?" Elle passera ensuite à un autre sujet, avec une logique de fouille-merde. Je l'ai envoyée balader assez brutalement en plus de lui raccrocher au nez». Il donne une interview comme s'il se confiait à un ami auquel il raconterait son exploit d'avoir ainsi envoyé balader une journaliste, «assez brutalement» précise-t-il. Curieux de prendre la teneur de ce qui a à ce point suscité ses foudres, je lis l'article incriminé. Il s'agit d'un papier de Julie Chaudier. Qu'en est-il ? La journaliste explique avoir reçu, par voie anonyme, ce mail. Compte tenu de sa teneur, elle a décidé d'enquêter en prenant soin d'entendre les personnes concernées, en premier lieu M. Ajbali. En somme, rien de bien extraordinaire, elle fait simplement et scrupuleusement son travail de journaliste. Face à ses questions insistantes, elle explique que ce dernier lui a raccroché au nez non sans l'avoir gratifiée d'un «allez vous faire foutre». A la parution de l'article, le site explique que M. Ajbali a appelé la journaliste pour la menacer : «tu vas le regretter ! ». L'article m'apparaît irréprochable, elle établit des faits, et donne la parole aux personnes concernées afin de nous éclairer sur leur point de vue. En revanche, ce qui l'est moins, irréprochable, c'est l'attitude de M. Ajbali. Je ne comprends pas sa réaction, et encore moins l'usage de l'injure et de la menace. La journaliste n'a pas inventé ce mail et encore moins son contenu, elle a juste enquêté en prenant soin d'entendre notamment la personne mise en cause. Ensuite, interrogé, dans cette interview, sur les critiques exprimées au sujet du CCME par des associations de l'immigration et par une députée, Mme Nezha El Ouafi, M. Ajbali a pour le moins des propos surprenants, eu égard à sa fonction. Circulez, il n'y a rien à voir ! M. Ajbali non seulement ne répond pas sur le fond des critiques émises mais s'attaque, ni plus ni moins aux porteurs de ces critiques : «le tissu associatif marocain de l'immigration est un leurre et une chimère », rien que ça ! Tous les bénévoles qui se démènent pour permettre à leurs concitoyens MRE de se retrouver et de partager un peu du pays sont traités d'un mépris des plus cinglants. En somme, ils ne seraient que du vent. Les quelques rencontres et fêtes culturelles auxquelles j'ai eu le plaisir de participer, et organisées par des associations de MRE, n'avaient rien de chimériques. Et je ne peux accepter que ces bénévoles puissent être ainsi méprisés. Quand à la députée, M. Ajbali considère qu'«elle doit prendre la mesure de ses responsabilités et surtout la mesure du sens politique qu'elle a à produire». L'intéressée doit se réjouir de cette leçon ô combien amicale et bienveillante. Le moins que l'on puisse dire c'est que M. Ajbali manque cruellement de diplomatie, ce qui, à mon sens, pose problème quant à sa fonction. Une polémique émerge, et au lieu de la désamorcer et de rassurer les gens, ce qui aurait été chose aisée au regard de la grossièreté de la chose, il dénigre, diffame, méprise et menace ceux qui veulent comprendre. Il créée lui-même des polémiques à partir de cette polémique. C'est insensé, c'est incompréhensible. Si M. Ajbali souffre d'une allergie aux critiques et aux questions, la fonction qu'il occupe n'est alors pas la plus indiquée, elle nécessite diplomatie, sens de l'écoute et de la communication. M. Ajbali méprise les associations de MRE et yabiladi.com, site devenu incontournable pour la diaspora marocaine (autour de moi, tout le monde connaît ce site, en revanche bien peu le CCME), comment fait-il alors pour entendre les préoccupations des MRE ? Dans son interview, il dit qu'il ne faut pas confondre entre «insulte et analyse», «diffamation et démonstration», il eût été bien inspiré de s'écouter, car en définitive l'insulte et la diffamation semblent criantes chez lui. Maintenant je connais un peu mieux le CCME et M. Ajbali. Le courrier de ce dernier aura eu au moins ce mérite. Visiter le site de l'auteur: http://razane.blogg.org/