Les islamistes tunisiens d'Ennahda sont vent debout contre les «déclarations insultantes envers la sœur Algérie». Dans un communiqué, les fidèles de Rached Ghannouchi les considèrent «irresponsables et insensibles aux relations fraternelles qui lient les deux peuples». Ennahda a salué «les positions algériennes en appui à la Tunisie, particulièrement à l'expérience démocratique émergente dans le pays, et les efforts des deux pays pour consolider la coopération entre eux, notamment dans le domaine économique, la lutte contre le terrorisme et faire face à la pandémie du Covid-19». Cette sortie est une riposte directe de la première force politique au Parlement aux déclarations de l'ancien président Moncef Marzouki pointant du doigt la responsabilité de l'Algérie dans «l'avortement de la révolution» du jasmin. Des accusations réitérées le 29 janvier à la chaîne télé Al Khalij, basée à Londres, et appartenant à l'opposant koweïtien Ahmed Jabr Achammari. En se faisant l'avocat de l'Algérie, le parti islamiste témoigne de sa proximité avec le pouvoir en place. Une proximité scellée par les visites de son inamovible chef effectuées à Alger en 2013, 2014, 2016 et 2017. Il a été accueilli avec les honneurs dus à un chef d'Etat et reçu par l'ancien président Abdelaziz Bouteflika. Une alliance qui dure encore malgré le changement de locataire au Palais d'Al Mouradia. Le Maroc a tenté de jouer la carte du PJD pour convaincre Ghannouchi d'adopter des positions en sa faveur, notamment sur la question du Sahara, en vain. En témoigne, la mission confiée en août 2016 à Saad-Eddine El Othmani, alors président du conseil national de la Lampe, marquée par ses entretiens avec le président d'Ennahda à Tunis. Avant la chute du régime de Ben Ali, Rached Ghannouchi qui vivait en exil à Londres était pourtant un invité spécial des rencontres organisées par les sections du PJD. Depuis, il a tourné le dos à ses «frères» marocains.