Le président et leader historique du parti tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, a été réélu lundi 23 mai à la tête de cette formation, jusqu'alors qualifiée d'islamiste, qui vient d'acter sa mue en « parti civil ». Ghannouchi, 74 ans, a obtenu 800 voix, contre 229 votes pour le président sortant du conseil de la Choura, la plus haute autorité du parti, Fethi Ayadi, et 29 à Mohamed Akrout, un responsable du parti, selon les résultats affichés sous les acclamations sur un grand écran dans la salle où étaient réunis les congressistes. Ennahda, partie prenante depuis 2005 d'une coalition gouvernementale dirigée par le parti Nidaa Tounès, son ancien adversaire, a tenu son dixième congrès au cours du week-end pour élire une nouvelle direction, faire le bilan de son action et établir sa stratégie pour les années à venir. C'est sous l'impulsion de M. Ghannouchi que le mouvement y a officialisé la séparation entre ses activités politiques et religieuses, une mue en gestation depuis quelques années déjà. Prédicateur enflammé dans les années 1970, M. Ghannouchi a vécu en exil à Londres pendant une vingtaine d'années avant d'être accueilli triomphalement par des milliers de personnes à son retour en Tunisie après la révolution de 2011. Ennahda a remporté les premières élections organisées après la « révolution de jasmin », en 2010-2011. Bien qu'arrivé deuxième au dernier scrutin législatif, à la fin de 2014, le parti est aujourd'hui la première force au Parlement après l'implosion de son ancien adversaire, le parti Nidaa Tounès du président, Béji Caïd Essebsi, avec qui il a scellé une alliance gouvernementale.