Le ministre flamand de l'Intégration civique a présenté, lundi 7 mai, le coffret «d'introduction -Migrer en Flandre», désormais mis à disposition de tous les Marocains qui obtiennent un visa pour la Belgique à destination de la Flandre. Son objectif est de contribuer à l'intégration des émigrés Marocains en Flandre, mais il porte une vision infantile du migrant. « En ce qui concerne le temps en Belgique, il faut s'attendre à tout. Il y a quatre saisons dans la même journée. Il faut toujours prendre son parapluie avec soit» ; on ne pourra pas dire qu'on ne les avait pas prévenus. Les Marocains qui obtiennent un visa pour la Belgique à destination de la Flandre, se voient désormais offrir un coffret «Migrer en Flandre, introduction pour les familles immigrantes». Il veut «éviter que les candidats aient des attentes et des idées erronées», explique Geert Bourgeois, ministre flamand de l'Intégration civique, lors de sa présentation à la presse, hier, lundi 7 mai, à Casablanca. Le coffret - une élégante boite verte – contient un DVD avec un film où des migrants livrent leurs témoignages, un livret où est indiqué les documents à ne pas oublier pour trouver un emploi et obtenir l'équivalence d'un diplôme, un petit guide linguistique et un livret d'information sur ce que les Marocains doivent s'attendre à trouver en Flandre. Il commence en évoquant le parcours d'intégration civique, obligatoire en Flandre, les documents nécessaires, le travail, la santé, l'éducation… Parmi les thèmes abordés, «Valeurs et normes» interpellent. Il est écrit : «respectez toujours l'autre, quelles que soient ses différences. Si vous ne le faites, vous risquez de blesser les autres. Ce sujet est très sensible.» Plus loin, dans «Solidarité sociale», «toute personne qui travaille et paie des impôts rend [la solidarité sociale] possible. Celui qui ne paie pas d'impôts ne montre aucun respect pour la société», insiste les auteurs du document. Le ton moralisant et infantilisant, qui affleure dans tout le document, est fort dans ces rubriques. «L'autorité flamande a la mission et la responsabilité de guider les nouveaux arrivants sur la bonne voie de la société flamande», estime encore le ministre Geert Bourgeois, dans le vocable d'un prêcheur. «On peut avoir cette impression là, maintenant, il y a dans l'immigration un panel large de personnalités, se défend l'ambassadeur belge au Maroc. On a en Flandres des juges, des académiciens, de grands intellectuels qui sont Marocains, ou de souche marocaine, mais évidemment on ne s'adresse pas à ces gens là. A côté d'eux, il y a une frange de candidats à l'immigration qui sont des gens complètement démunis, qui viennent de ce que l'on appelle le bled au Maroc, beaucoup viennent du Rif. Ce sont des gens qui sont analphabètes, qui ne savent ni lire ni écrire, qui ne parlent ni l'arabe classique, ni le darija, certains ne parlent que le rifain.» Pourtant, «parce que l'on ne fait pas de statistiques sur ces critères», précise l'ambassadeur, l'ambassade ne peut pas donner la proportion de ces analphabètes dans le total des immigrants marocains en Flandre. «En règle générale, quand on immigre c'est qu'on appartient aux classes défavorisées, explique Jean-Luc Bodson, avant de nuancer, surtout que nous n'avons pas de politique d'immigration, auquel cas nous aurions d'autres candidats, comme les Etats-Unis et le Canada». Comme la France, la Flandre reçoit des immigrés par le biais, en premier lieu, du regroupement familial, un droit reconnu par la législation internationale et c'est à eux que s'adresse ce livret. Surtout, cette nuance au sein de la population ciblée par le coffret n'est établie que par l'ambassadeur, comme s'il était le seul à avoir conscience du ton des documents, et du fait qu'il existe plusieurs catégories d'immigrants bien qu'il ne fasse pas référence, par exemple, aux étudiants. « Ce n'est certainement pas destiné au grand public, ce n'est pas un document dont l'objectif est de valoriser le fruit de l'immigration», reconnait l'ambassadeur. «Vu d'une certaine élite casablancaise, cela peut sembler condescendant, mais déjà cet exercice a le mérite d'exister, plutôt que d'être négatif et de critiquer l'immigration. C'est une première tentative, il faudra voir avec l'usage s'il faut l'ajuster», conclut l'ambassadeur.