La plus forte communauté immigrée en Belgique n'est ni marocaine, ni africaine, ni turque, mais bel et bien européenne, puisqu'elle représente 68 % des étrangers résidant dans le pays, selon les chiffres officiels. En effet, ce sont les Italiens qui ont la plus forte communauté immigrée établie en Belgique, suivis des Français, des Néerlandais, les Marocains n'arrivant qu'en quatrième position, suivis des Espagnols puis des Turcs, alors que les Congolais occupent la onzième position, selon des chiffres publiés par le quotidien "Le Soir", dans le cadre d'une mobilisation générale contre les préjugés, menée depuis jeudi dernier en coordination avec le Centre pour l'égalité des chances, en perspective de la "journée internationale du migrant", célébrée ce lundi. Selon les chiffres cités par le journal, le nombre d'étrangers dans le pays a baissé. Au 1er janvier 1981, ils étaient 904.000 personnes. Vingt-quarte ans plus tard (1er janvier 2005), ils ne sont que 870.000. Ces personnes qui ont émigré, pour une raison ou une autre, ne viennent pas profiter de la Belgique. Au contraire, ils ont fait le choix de devenir Belges: entre 2000 et 2004, quelque 239.944 ont franchi ce pas, indique le journal. La Belgique ne "pullule pas" spécialement de Marocains ou de Turcs, ce sont les deux nationalités dont le nombre est en baisse depuis 1992 : moins 44 % pour les Marocains et moins 54 % pour les Turcs. Les mêmes chiffres révèlent aussi que les immigrés clandestins originaires du Maroc, de Turquie et du Congo ne sont pas majoritaires parmi les illégaux arrêtés par la police belge. Des noces qui dérangent. Face à la vérité statistique, les préjugés s'entêtent, comme cette étude, rapportée le week-end par certains médias, et selon laquelle, les jeunes marocains vivant en Belgique préfèrent convoler avec un partenaire originaire du Maroc. Selon cette étude qui aurait été réalisée à la demande du ministère flamand "pour l'égalité des chances", les mariages au sein de la communauté marocaine contractés avec un partenaire du pays d'origine seraient en augmentation. Ainsi, d'après l'étude, 41,4 % des mariages conclus avant 1979, l'étaient avec des partenaires venant du Maroc, alors qu'entre 2000 et 2003, ce pourcentage a atteint 65,4. "Les Marocains de Belgique choisissent souvent un partenaire de leur pays d'origine pour se marier parce qu'ils désirent quelque chose de +familier+ ou une +culture authentique+", notent les chercheurs, en faisant remarquer toutefois que "leur futur époux ou épouse voit le mariage comme un pas vers une +nouvelle vie+". Aussi, tranchent-ils, les deux partenaires ont souvent des "attentes opposées". Dans cette étude orientée, les auteurs de l'enquête estiment que ce type de noces pose problème et qu'il serait nécessaire que les pays concernés collaborent efficacement autour de la question de la migration. Leurs arguments? Les immigrés issus du mariage sont souvent dépendants de leur partenaire et de leur belle-famille, ils ont souvent un niveau scolaire assez bas et à cause de leur mauvaise connaissance du néerlandais, la chance est grande que ces personnes se retrouvent isolées socialement. Qu'en est-il des épousailles entre Italiens, Portugais, Espagnols ou autres ?.. "Sur base des visas accordés par le ministère des affaires étrangères, on peut estimer que le regroupement familial est majoritaire dans les motifs d'arrivée (d'immigrants - ndlr) mais ce n'est qu'une appréciation, pas un fait statistique", affirme le démographe belge Nicols Perrin, cité lundi par le quotidien "Le Soir", dans le cadre d'un dossier sur l'immigration.