En France, les victimes des crimes racistes sont nombreuses. Parmi elles, un jeune marocain du nom de Brahim Bouarram, assassiné, le 1er mai 1995, par des militants du Front national, dans un contexte similaire à ce que vit ce pays, aujourd'hui : la tenue d'élections présidentielles. Le 1er mai est la fête du travail. En France, celle de 1995 demeure à jamais profanée par un acte raciste œuvre de militants du Front national. La victime, Brahim Bouarram, un jeune marocain, précipité dans les eaux froides de la Seine à Paris par des membres du service de «désordre» du FN. Comme chaque année, des représentants d'ONG des droits de l'Homme, des immigrés et de formations politiques, notamment de gauche, commémorent au Pont Caroussel à Paris ce triste anniversaire. Un assassinat qui revendique encore une véritable justice, voilà plus de 17 ans. Cette année, la commémoration de ce triste anniversaire se déroule dans un contexte particulier mais qui n'est pas sans rappeler celui de 1995. Les similitudes abondent, en effet. La plus saillante d'entre elles est que le FN de la famille Le Pen est au zénith. Sur fond de crise économique et d'islamophobie, les oracles lui prédisent un avenir prometteur. Comme en 1995, la France de 2012 vit à l'heure des élections présidentielles. Le paysage politique n'a pas grandement changé à quelques exceptions près. Le Front national, auteur idéologique du meurtre de Bouarram, continue doucement mais sûrement, à tisser sa toile sur la société française. Jean Marie Le Pen, le fondateur du FN, après des années de pouvoir sans partage a été contraint de céder, janvier 2011, le témoin à sa fille, Marine. Une succession en famille. Le parti de l'extrême droite n'est plus ce «paria» de la scène politique française comme il l'était, dans une certaine mesure, en 1995, lorsque la gauche plurielle avait massivement appelé à voter, Jacques Chirac, lors du second retour des élections présidentielles afin de barrer la route menant au palais de l'Elysée au patron du FN. 17 ans plus tard, la crise économique et un discours simpliste accusant l'autre de tous les maux, fortement prôné par Nicolas Sarkozy, mais dont les effets sont remarquables en termes de popularité, la donne est sur le point de changer. Le «paria» de 1995 se voit aujourd'hui courtisé par une droite, flageolante, en quête de voix afin d'assurer à son principal tête d'affiche un nouveau mandat à la présidence. Dans ce contexte de course effrénée à l'Elysée, que reste du crime raciste du 1er mai 1995 à Paris ? Pas grand-chose, une commémoration, peut-être une autre stèle et la lecture de quelques discours en hommage à la mémoire de Brahim Bouarram. La résistance avec comme seule arme, la mémoire. Et puis, rendez-vous l'année prochaine avec une nouvelle commémoration. Entre temps, les auteurs idéologiques de l'assassinat du jeune marocain courent librement, jouissant d'une impunité totale.