Plusieurs dizaines de personnes ont rendu hommage, samedi à Paris, à la mémoire du Marocain Brahim Bouarram, victime d'un crime raciste commis en 1995 à l'occasion du défilé du 1-er mai par des militants du parti d'extrême droite, le Front National (FN). Ce rassemblement annuel en présence du fils de la victime, Said (24 ans), a réuni des militants associatifs sur les lieux du crime, près du Pont du Carrousel d'où Brahim avait été jeté dans la Seine par ses assassins. Auparavant, le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë avait déposé une gerbe de fleurs au pied de la plaque portant l'inscription "A la mémoire de Brahim Bouarram, 1965-1995, victime du racisme, assassiné en ces lieux le 1-er mai 1995", à l'initiative de sa mairie en signe d'engagement de la ville et de ses habitants contre le racisme et la discrimination. Brahim Bouarram, âgé de 29 ans au moment des faits, se promenait tranquillement près du fleuve traversant Paris quant il avait été agressé par des jeunes nazillons sortis du cortège du FN, avant d'être jeté à la Seine où il avait péri par noyade. Arborant une pancarte où l'on peut lire "Pour que la mémoire de Brahim Bouarram et toutes les victimes de racisme reste vivante", les manifestants dont plusieurs Marocains, réunis à l'appel de différentes associations de défense des droits des migrants et de lutte contre le racisme en France, ont exigé la poursuite en justice et la condamnation sévère de tous les crimes racistes. Les associations signataires de l'appel ont souligné que depuis l'assassinat de Brahim Bouarram, d'autres noms sont venus allonger la sinistre liste des victimes de crimes racistes. "Si toutes les victimes ne connaissent pas la fin tragique de Bouarram, les actes sont, eux, tout aussi immondes, car ils se nourrissent de la même source, la haine, et suivent la même trajectoire, le rejet de l'autre", ont-elles relevé. Les manifestants ont saisi cette occasion pour dénoncer "les politiques racistes et xénophobes qui criminalisent les immigrés et violent leurs droits" en France, une situation aggravée par le lancement des débats sur l'identité nationale et la burqa, de nature à "stigmatiser cette composante de la société française". Etaient notamment présents à ce rassemblement, des représentants de l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), de la Ligue française des droits de l'Homme et de plusieurs partis politiques français. Le maire de Paris avait, à son tour, réaffirmé sa condamnation de l'assassinat de Brahim Bouarram, "un acte abjecte dirigé contre un homme simplement par ce qu'il est arabe". Il a dit regretter l'instrumentalisation par certains partis du débat sur l'identité nationale de la France et la burqa, motivé, selon lui, par des considérations électorales destinées à "récupérer les voix" de l'extrême droite. Pour M. Delanoë, l'identité de la France "s'enrichie des apports culturels des uns et des autres".