Les études menées ces dernières années sur le système digestif montrent que la flore intestinale joue un rôle dans le développement de nombreuses pathologies. Pouvoir corriger les déséquilibres du microbiote est même devenu un enjeu majeur de la recherche pour mieux traiter de nombreuses affections comme le diabète, l'obésité, les maladies vasculaires, neurologiques, auto-immunes… Les avancées scientifiques dans ce vaste domaine feront l'objet de la 2ème journée scientifique que le groupe d'étude de l'auto-immunité marocain (GEAIM) organise le samedi 6 octobre 2018 à l'hôtel Sheraton de Casablanca sur le thème des atteintes auto-immunes du système digestif. L'auto-immunité un phénomène à l'origine de nombreuses pathologies touchant près de 10 % de la population L'auto-immunité résulte d'un dysfonctionnement du système immunitaire qui, chargé normalement de nous défendre des agresseurs extérieurs (bactéries, virus…), se trompe d'ennemi et se met à attaquer les organes, tissus et cellules de notre corps. Ce processus d'autodestruction est effectué notamment par la fabrication par les cellules immunitaires de substances biochimiques nocives, les auto-anticorps. Les maladies auto-immunes constituent plus d'une centaine de pathologies qui touchent en majorité les femmes. Parmi elles, on peut citer : la maladie de Basedow (hyperthyroïdie), la myasthénie, la Sclérose en plaques, le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite, sans oublier des pathologies digestives comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique,… Le microbiote, centre de gravité de notre organisme, face aux maladies auto-immunes Le tube digestif constitue la plus grande surface de contact entre le milieu extérieur et le milieu intérieur, soit 300 m2 de muqueuse contre 2 m2 pour la peau. Il contient dans notre organisme la plus forte concentration de cellules immunitaires dont le rôle est crucial dans la protection contre tous les éléments étrangers potentiellement pathogènes. Notre système digestif exerce en outre deux fonctions majeures, l'absorption et la digestion des aliments de plus, dans un milieu en permanence colonisé par le microbiote intestinal, une communauté de micro-organismes représentant 10 fois le nombre de cellules de l'organisme, soit 100.000 milliards de bactéries ! Différent d'un individu à l'autre, le microbiote, longtemps marginalisé, est aujourd'hui considéré comme un organe à part entière dont la perturbation est actuellement au centre des études de nombreuses maladies auto-immunes. Le foie et le tube digestif avec ses différentes composantes : estomac, intestin grêle et gros intestin, constituent en particulier une cible privilégiée à ces attaques engendrant hépatites auto-immunes, cirrhose biliaire primitive, anémie de Biermer, maladie cœliaque (intolérance au gluten), pancréatite auto-immune… La biologie un outil indispensable dans le diagnostic de ces maladies mais encore insuffisamment utilisé au Maroc La biologie joue un rôle central dans le diagnostic des maladies auto-immunes par la recherche des auto-anticorps spécifiques à ces maladies. Ces tests sont encore insuffisamment utilisés au Maroc, du fait de la méconnaissance des techniques existantes, ou de leurs indisponibilités dans les hôpitaux. Rappelons que, de façon plus générale, la biologie occupe un rôle central dans la prise en charge de toutes les maladies, puisque maintenant les deux tiers des diagnostics se font ou sont validés par des analyses biologiques. La journée du GEAIM, a pour ambition de mieux faire connaitre les dernières avancées biologiques pour la détection de ces atteintes auto-immunes du foie et du tube digestif, ainsi que de faire un éclairage sur les nouveautés thérapeutiques de ces pathologies. Elle sera notamment l'occasion de faire connaître la « transplantation fécale» testée par de plus en plus d'équipes dans le monde : la greffe de microbiote provenant d'un sujet sain pourrait en effet s'imposer dans les prochaines années comme une alternative prometteuse aux traitements médicamenteux.