Au Maroc, c'est bien connu les choses se font à l'émotionnel… L'émotionnel y est même roi. Et en ces temps troubles de relations encore plus troubles entre le PJD et le PPS, le « top management » du premier a rendu visite au secrétaire général du second, chez lui, en son foyer. En effet, le chef du gouvernement, son chef de cabinet et le ministre d'Etat se sont transportés au domicile du (toujours) secrétaire général du PPS Nabil Benabdallah. Saadeddine Elotmani, Jamaâ Moatassim et Mustapha Ramid ont donc été reçus par Abdelouahed Souhail, ancien ministre, Khalid Naciri, nouvellement nommé ambassadeur en Jordanie, et Nabil Benabdallah. Une table bien garnie, un décor confortable et cossu, des sourires de circonstance appuyés… La version officielle du PJD indique que cette visite a été l'occasion de causer de la conjoncture politique actuelle et des perspectives des réformes politiques et sociales ainsi que celles des relations liant les deux partis. En gros, tout ce monde a parlé de la colère du PPS… Les deux parties sont connues pour avoir connu, naguère, du temps d'Abdelilah Benkirane, des liens très solides, quasi fusionnels. Las… à l'ère Elotmani, le moins que l'on puisse dire est qu'un froid polaire s'est abattu sur cette relation jadis idyllique. La raison ? Le limogeage brutal et inédit de la secrétaire d'Etat PPS Charafat Afailal du gouvernement, par suppression de son poste. Nabil Benabdallah, qui ne digère semble-t-il toujours pas son éviction tout aussi brutale du gouvernement à fin 2017, a montré des signes de nervosité et de (très) mauvaise humeur. Un Bureau politique s'était réuni fin août suite au départ de Mme Afailal et, disant le plus grand mal qu'il pense de cette révocation, en demandant des explications détaillées au chef du gouvernement, avait décidé de convoquer un Comité central pour décision finale, le 22 septembre. Le 10 septembre, le Politburo s'était encore réuni et avait constaté qu'aucune explication n'a été apportée et qu'aucune avancée n'avait été enregistrée, laissant la voie libre et béante vers une position radicale du PPS, qui pourrait, dans un acte d'héroïsme politique, décider de quitter la majorité gouvernementale. Et le gouvernement… Que se sont dit les anciens et actuels ministres au domicile de Nabil Benabdallah ? Eux seuls, et quelques autres, le savent, mais il faudra attendre le samedi 22 septembre pour avoir une idée précise des idées du PPS sur la question. Quant au PJD, selon des informations obtenues en interne, il reste absolument indifférent au sort gouvernemental du PPS. En effet, la majorité actuelle, pléthorique, totalise 240 députés pour une majorité absolue requise de 198. Le PPS dispose de 12 députés. Le calcul est vite fait, et toute décision du PPS, quelle qu'elle soit, sera vite oubliée.