Au Parti du Progrès et du Socialisme, on en veut à El Othmani et à Amara. La sortie par la petite porte de Charafat Afailal, suite à la proposition du Chef du gouvernement de rayer son département de la carte politique, reste encore au travers de la gorge des membres du Bureau Politique du parti. Ces derniers ont tenu une réunion dans l'après-midi du 28 août pour statuer sur la suppression du secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et son absorption par le ministère de l'Equipement, du transport, de la logistique et de l'eau. A son issue, le Bureau a décidé de convoquer une réunion extraordinaire du Comité Central du parti le 22 septembre prochain pour « prendre la décision qu'exige cette étape ». Etant d'abord une décision royale, le PPS n'a pu qu'exprimer « la considération et le respect » face aux sentences du monarque. Le blâme tout entier reposerait sur les épaules d'El Othmani, car le communiqué du bureau politique, paru à l'issue de cette réunion, exprime d'abord « l'étonnement de la manière dont la chose a été gérée par le Chef du gouvernement, car ni le parti, ni la secrétaire d'Etat en question n'ont été avertis de cette proposition avant sa soumission pour approbation ». Le Bureau politique a ensuite pris le parti de sa ministre, en refusant de la considérer en tort dans cette affaire, et louant la « performance remarquable » d'Afilal tout au long de son mandat. Mais, plus important encore, le communiqué révèle la relation crispée qu'entretient le parti avec le chef du gouvernement, et fait une allusion à peine voilée à la tiédeur des liens entre le PPS et le PJD, advenue après la « mise à la retraite » de Benkirane par ses compères. Dans ce sens, la tirade du Bureau politique a été longue et étoffée, exprimant « l'incompréhension du parti de la finalité de cette proposition, émanant du Chef du gouvernement et dont la responsabilité directe incombe au ministre de tutelle, et qui a touché seulement le département de l'eau en épargnant les autre secteurs gouvernementaux, et qui n'a absolument pas pris en considération les normes politiques et morales nécessaires dans la gestion des alliances et des relations au sein de toute majorité gouvernementale mature, et que dire quand il s'agit de respecter la relation particulière qui lie notre parti au parti de monsieur le chef du gouvernement ». Une allusion à peine voilée, disions-nous, à ce qui est un retournement de veste contre l'allié inconditionnel d'hier, camarade gênant d'aujourd'hui. Se voir intimider de la sorte par un « allié » est le synonyme d'une crise de confiance et d'une aggravation qui se profile de la fissure entre les deux parties, surtout qu'El Othmani s'était abstenu de fournir des justifications plausibles au secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, lors de l'entretien qui les a réuni le 27 août à la demande du premier. Et donc, tout en rappelant « les initiatives répétitives entreprises par le secrétaire général du parti et la camarade Charafat Afilal pour surmonter les difficultés apparentes dans les relations entre la camarade secrétaire d'Etat et le frère ministre en charge du secteur, et dont le dépassement était possible à travers des formules positives multiples », le bureau politique considère que « le Chef du gouvernement qui a présenté ladite suggestion est dans l'obligation de fournir à notre parti et à l'opinion publique, d'une manière transparente et convaincante, les explications […] autour de la manière dont a été géré ce sujet ». Pis encore, le PPS a reproché au Chef du gouvernement une certaine » ingratitude » envers les sacrifices fournis par le PPS au profit du PJD, car « le Parti du progrès et du Socialisme a reçu des chocs depuis son choix de participer au gouvernement en 2011 aux cotés du Parti de la justice et du développement ». Pour rappel, le communiqué du cabinet royal annonçant, le 20 août dernier, la suppression du Secrétariat chargé de l'eau, expliquait que cette décision visait « l'amélioration de la gouvernance des chantiers relatifs à l'eau et de leur efficacité et efficience, ainsi que le renforcement de la cohérence et la complémentarité entre les services et établissements concernés par l'eau relevant de ce ministère, en harmonie avec l'intérêt que le Roi leur accorde ».