Réunions internes, rencontres avec le chef de l'Exécutif, alias secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), consultations diverses. Les camarades de Nabil Benabdellah gesticulent, condamnent et menacent. Ils se sentent trahis par l'allié d'hier et cherchent la meilleur riposte à apporter à ce qu'ils ont pris pour une « offense » à leur parti, à savoir l'éviction, à son insu, de la secrétaire d'Etat chargée de l'eau, un cadre dirigeant du PPS. Dans ce sens, le Parti Progrès et Socialisme a publié un communiqué; mardi 28 août dans la soirée, qui montre la colère du parti du livre suite à la suppression du secrétariat d'Etat chargé de l'eau. Il menace de quitter la coalition gouvernementale et de rejoindre l'opposition. Hespress FR a contacté un politologue pour analyser la situation tendue entre le PPS et le PJD. La suppression du secrétariat d'Etat chargé de l'eau, approuvée, lundi 20 août par le roi Mohammed VI, a fait beaucoup de remous au sein du PPS. La secrétaire d'Etat chargée de l'Eau auprès du ministère de l'Equipement, du transport, de la logistique et de l'eau, Charafat Afilal a été alors évincée du gouvernement. Cette décision a été un coup dur pour le parti de Nabil Benabdellah qui s'en est pris, dans son communiqué, à Saadeddine El Othmani, chef du gouvernement et exige d'avoir des explications « claires et publiques » parce que celles avancées ne l'ont pas convaincu. Le PPS a également annoncé une réunion extraordinaire, le 22 septembre prochain, de son comité central pour prendre la décision de rester ou non dans le gouvernement. Manque de cohésion Le politologue Omar Cherkaoui, contacté par Hespress FR, estime que le PPS « veut juste faire pression sur la coalition ». Il a rappelé que le parti « est le seul depuis 1998 qui se trouve au sein de chaque gouvernement. Le PJD n'était pas dans les gouvernements de 1998 et 2002, l'Istiqlal n'est pas dans l'actuel, etc.» Les tensions actuelles permettront au PPS de faire pression « pour obtenir des points politiques et en même temps émettre des décisions qui vont alléger le poids qui p-se sur ses épaules». Le PPS « n'a pas la capacité de sortir de la coalition et d'intégrer l'opposition », affirme le politologue. D'autre part, l'éviction de Charafat Afilal a mis en évidence « un manque de cohésion dans le gouvernement » et l'existence de « problèmes réels au sein de la coalition », mais a été « surprenante et faite de manière confuse », ajoute Omar Cherkaoui, pour qui le chef du gouvernement pouvait choisir une solution moins compliquée. « Il pouvait très bien exercer son pouvoir et demander au roi d'évincer la secrétaire d'Etat du gouvernement et ensuite faire des améliorations dans le décret, sans qu'il y ait tous ces grabugec et le flou autour de l'avenir de Charafat Afilal », précise-t-il. Le « dahir émis a enfin pu prouver que Charafat était évincée du gouvernement et mettre un terme à cette confusion et à cette bourde juridique commise par El Othmani », poursuit le politologue, soulignant que cette décision aura des « effets indésirables » et que la suite des événements sera un probable « remaniement ministériel » pour absorber la colère du PPS. « La seule solution est d'évincer d'autres secrétaires d'Etat d'autres partis, pour que Charafat Afilal ne reste pas un cas isolé», conclut Omar Cherkaoui. Dans un communiqué diffusé ce mercredi 29 août, le PJD est revenu sur l'affaire de la suppression du secrétariat d'Etat chargé de l'eau, en annonçant que le secrétaire général a informé les membres de son parti des détails entourant la nomination du nouveau ministre de l'économie et des finances et de la dite suppression et «a fait état des efforts que le chef du gouvernement a déployé pour surmonter les difficultés qu'a connu la gestion du secteur de l'eau et de toute la communication et les réunions qui ont été faites avec les représentants du parti progrès et socialisme. » La Lampe a également souligné « les relations privilégiées qu'entretiennent les deux partis et la nécessité d'assurer la poursuite de leur coopération en renforçant ainsi la voie de la construction démocratique et des progrès sur la voie des réformes souhaitées.»