Il est incontestablement le sujet de l'été, en France et ailleurs. Ses détracteurs s'enflamment, ses défenseurs montent au créneau, et le débat érige un mur entre les deux camps. En France, plusieurs municipalités ont interdit le burkini alors même que dans d'autres pays occidentaux, on estime ce débat ridicule et déplacé. En France, ce sont près de 20 municipalités qui ont émis des décrets interdisant le port du burkini – un syncrétisme entre burqa et bikini – durant la saison estivale. Et le Premier ministre Manuel Valls, prompt à dégainer, a déclaré « comprendre les maires qui, dans un moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d'éviter des troubles à l'ordre public (car) le burkini n'est pas une mode. C'est la traduction d'un projet politique, de contre-société, fondé sur l'asservissement de la femme ». Certains sont d'accord avec cette analyse (comme une grande partie des dirigeants français), d'autres non, et parmi eux le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. Celui-ci a affirmé que « oui, il y a sûrement de petites controverses ici et là comme toujours. Mais pour moi, le respect des droits et des choix des individus ce doit d'avoir la première place dans notre discours et nos débats publics. Je pense qu'au Canada on devrait être rendu au-delà de la tolérance. Tolérer quelqu'un c'est d'accepter qu'il ait le droit d'exister à condition qu'il ne vienne pas trop nous déranger. Au Canada, peut-on parler d'acceptation, d'ouverture, d'amitié, de compréhension ? C'est vers là que nous allons et c'est ce qu'on est en train de vivre tous les jours dans nos communautés diverses et riches, non en dépit, mais à cause de ces différences ». Le journaliste français Henri Tincq, spécialiste des questions religieuses, a bien défini la question : « Sans doute peut-on légitimement considérer que le burkini est un signe religieux ostentatoire. Mais faut-il faire de tout signe religieux, même ostentatoire, une menace potentielle pour la sécurité des citoyens? Faut-il faire de toute manifestation visible d'une conviction musulmane une forme de soutien à la radicalisation ? ». Cela ne répond pas à la conception morale de cet accessoire vestimentaire en matière de liberté et de libération de la femme en terre d'islam et d'ailleurs. Mais ceci est une autre question.