Le légendaire boxeur est mort d'une insuffisance respiratoire ce 4 juin à Phoenix, Arizona, à l'âge de 74 ans. Il était l'une des dernières icônes planétaires encore en vie. Mohammed Ali, alias Cassius Clay, souffrait de la maladie de Parkinson depuis une trentaine d'années, ravagé par son propre sport. Il aura marqué le « noble art » dans les années 60 et 70. Né en 1942, Cassius Marcellus Clay Jr, se distingue dès le lycée grâce à son don pour la boxe. Il a commencé sa carrière en tant que boxeur amateur, remportant les National Golden Gloves en catégorie mi-lourds en 1959, puis la médaille d'or aux Jeux Olympiques de Rome dans la même catégorie en 1960. Passé professionnel, il fait ses armes à Louisville, puis à New York et Los Angeles jusqu'en 1964. Redoutable combattant, il obtient en 1965 le droit de combattre Sonny Liston, champion du monde des poids lourds que tout le monde pensait invincible. À la surprise générale, il le domine de la tête et des épaules, et des poings, lors de deux combats successifs, mais la presse juge ce combat truqué car le coup de poing fatal – surnommé « le coup de poing fantôme » – est si furtif que personne ne semble l'avoir vu dans le public. Cette année-là, Cassius Clay n'existe plus. Il opte alors pour le nom de Cassius X, renonçant ainsi à son nom d'esclave légué par d'anciens propriétaires blancs. En 1965, il se convertit à l'islam, change son nom pour Mohammed Ali et rejoint la Nation of Islam, ce qui lui vaudra quelques solides inimitiés pour, entre autres, sa proximité avec Malcolm X. En 1967, il refuse de se rendre au Vietnam et est condamné le 20 juin à une lourde peine, qui comprend la perte de sa licence de boxe. Il ne la récupèrera qu'en 1970 et sera acquitté par la Cour suprême en 1971. Son retour est marqué par une défaite contre Joe Frazier, qui conserve le titre mondial et une autre défaite contre Ken Norton. Entre l'automne 1973 et l'automne 1974, il vainc Ken Norton, Joe Frazier, puis l'invincible George Foreman, dans The Rumble in the jungle, à Kinshasa, considéré comme l'un des plus grands combats de tous les temps. Pour ce duel au sommet, le président Mobutu promet aux deux protagonistes 10 millions de dollars et, grâce à l'entregent du promoteur Don King, Ali et Foreman s'affrontent. Dans les rues poussiéreuses de Kinshasa, Mohamed Ali redécouvre brutalement sa notoriété et réalise qu'il a participé, d'une certaine manière, à changer le monde en refusant d'aller se battre au Vietnam. « Ali boumayé » (« Ali, tue-le »), hurle-t-on lorsque l'on croise sa grande silhouette. On dit que c'est lors de ce combat (vidéo ci-dessous) qu'il avait contracté les débuts de sa maladie de Parkinson car durant une heure il avait opté pour une étrange stratégie, vidant son adversaire de ses forces en le laissant le frapper, avant de l'abattre en quelques secondes. Sa rivalité avec son autre adversaire de toujours, Joe Frazier, atteint son paroxysme à Manille, l'année suivante, mais Mohammed Ali, désormais musulman sunnite, conserve son titre jusqu'en 1979, malgré une courte parenthèse où il le céda à Leon Spinks en 1976. En 1984, il est atteint de la maladie de Parkinson. Il se consacre alors à propager un message de paix, celui qu'il dit avoir trouvé dans l'islam. Il a même une étoile sur Hollywood boulevard, à Los Angeles. Mais elle est accrochée sur un mur à l'entrée du Kodak Theater, car il avait refusé qu'on l'inscrive, comme pour les autres stars, sur le sol, ne voulant pas voir piétiné le nom du prophète de l'islam. Venu deux fois au Maroc, en 1971 et en 1996, c'est lors de cette dernière visite qu'il sera décoré par Hassan II.