Après que les esprits se soient sérieusement chauffés en fin de semaine dernière au sujet du Fonds de développement rural (lequel sera doté d'un budget de55 milliards de DH) et de qui en sera l'ordonnateur, il semblerait que l'affaire soit en voie d'apaisement, et de résolution. Selon des informations obtenues par PanoraPost, les députés PJD seraient moins disposés à ferrailler contre le gouvernement au sujet de l'article 30, mais d'autres résistent encore. Dans le projet de loi de finance 2016, l'article 30 est celui qui fait du ministre de l'Agriculture Aziz Akhannouch l'ordonnateur de ce Fonds, doté de 55 milliards de DH pour le désenclavement de pleines régions du pays et leur équipements en routes, écoles et hôpitaux. La semaine dernière, un échange houleux avait opposé Aziz Akhannouch et Abdelilah Benkirane en plein Conseil de gouvernement. Aujourd'hui, les deux ministres Akhannouch et son homologue aux finances Mohamed Boussaïd devaient obtenir l'aval du chef du gouvernement pour aller en justice contre Akhbar Alyoum, qui avait envenimé les choses par un article et un éditorial incendiaires. Apparemment, la demande n'a finalement pas été formulée par les deux ministres. En revanche, un député PJD, qui a requis l'anonymat, a confié à PanoraPost que le ministre délégué au Budget Driss Yazami Idrissi a pris contact avec les députés de son parti pour les exhorter à ne pas livrer bataille au parlement pour supprimer, ou du moins amender, ce fameux article 30, et restaurer le chef du gouvernement dans sa fonction d'ordonnateur. Selon le site Lakome2, Aziz Akhannouch a de son côté également pris contact avec des élus du PJD pour les dissuader d'adopter une politique d'escalade dans cette affaire. Selon notre source, le chef du groupe parlementaire PJD Abdallah Bouanou ne voit pas les choses de la même manière ; il insiste pour que l'article 30 ne passe pas, malgré les appels au calme du gouvernement. Mais notre interlocuteur explique que « tout sera fait pour calmer les esprits et tourner la page ; il n'est pas bon qu'en année électorale, et alors que la majorité tangue, essentiellement avec le RNI, de telles joutes deviennent publiques ». Concernant la position de Benkirane, actuellement bousculé par les événements, le député nous confie que « le chef du gouvernement n'est pas vraiment à son aise en ce moment, mais qu'il œuvre à rapprocher les vues des uns et des autres au sein du parti où un vent de contestation souffle en effet »… ajoutant que « cela ne sert à rien de le cacher ». Il restera toutefois à convaincre des élus comme le député PJD d'Oujda Abdelaziz Aftati qui persiste et signe. « Cette question de l'ordonnateur est de pure forme ; elle sera corrigée lors de la discussion du PLF à la Chambre des représentants et les choses seront remises à leur endroit. Cela étant, nous allons essayer de savoir pourquoi c'est le ministre de l'Agriculture qui a été choisi comme ordonnateur et non un autre de ses collègues ». L'affaire est en voie de résolution, donc, mais il en restera des séquelles sur le PJD et le gouvernement.