Le débat sur le PLF 2016 est accaparé par la confrontation entre Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch. Les députés islamistes menacent d'amender l'article 20 du PLF. La balle est plus que jamais dans le camp du chef du gouvernement. Lui seul a les argumentssuffisants pour convaincre ses «frères» de tourner la page. La polémique sur la tutelle des 55 milliards dh destinés au développement du monde rural n'est pas prête d'être terminée, causant une autre grave fracture dans la majorité gouvernementale. Le RNI de Salaheddine Mezouar soutient clairement le ministre de l'Agriculture et ancien membre du parti, Aziz Akhannouch. En revanche des députés du PJD menacent déjà de «remettre un peu d'ordre» dans le texte PLF 2016. Dans le viseur des islamistes l'article 30 qu'ils souhaitent «amender» afin de permettre au chef du gouvernement de superviser les dépenses du grand projet royal. C'est ce qui ressort d'ailleurs de la journée d'étude qu'ils ont organisée, le dimanche 25 octobre, consacrée au PLF. Demain à partir de 10 heures, la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants tiendra sa première réunion consacrée à l'examen du projet de loi organique. Un débat qui devrait se poursuivre jusqu'à la mi-décembre. En attendant l'arbitrage de Benkirane En attendant l'heure du vote, les yeux de la classe politique se tournent vers Abdelilah Benkirane, le seul capable de calmer la colère des députés du parti de la Lampe. Il est rompu à genre d'exercice. En presque quatre années passées à la tête du gouvernement, le PJDiste a dû à maintes reprises lâcher du lest, céder aux pressions de certaines forces, et convaincre les membres de son parti. En témoigne d'ailleurs le retrait de l'élection de Abdelali Hamieddine à la présidence du groupe du PJD à la Chambre des Conseillers ou encore la suspension du député Abdelaziz Aftati sous prétexte qu'il avait visité une zone contrôlée par l'armée. Des concessions qui profitent au final au son secrétaire général. Au fur et à mesure que l'étau se resserre sur lui, sa popularité se renforce. Preuve en est les résultats des scrutins du 4 septembre. A une année des législatives de 2016, cette polémique sur la tutelle du fonds dédié au développement du monde rural devrait apporter de l'eau au moulin à la communication du PJD, renforçant son discours de victimes de forces occultes qui l'empêchent de mener à bien son programme.