Vendredi 4 septembre a commencé en journée électorale ordinaire, et s'est achevé comme un tournant dans la vie politique nationale. En effet, deux grands gagnants se dégagent, à savoir le PJD et le PAM. Mais le chef du gouvernement, gonflé à bloc et monté sur ses ergots, conteste le qualificatif « grand » au PAM… Lors de sa conférence de presse de samedi, le chef du PJD s'est acharné sur son ennemi… « Le PAM n'a pas d'idéologie. Il est un parti formé dans un contexte particulier et des conditions déterminées, pour des raisons connues, qui n'existent plus aujourd'hui. Le PAM voulait arriver premier avant que, comme l'a dit la presse, sa fête programmée ne devienne un cauchemar »… Benkirane enfonce le clou encore plus : « Dire que le PJD est un grand parti ou pas, cela vous concerne ; mais pourquoi dites-vous que le PAM est un grand parti ? Il ne faut pas tromper les gens. Le PJD a une histoire, le PAM non… il a accueilli des gens de la manière que vous savez, parfois de gré mais parfois aussi de force. Le PAM a été créé en 2008… comment est-il devenu un grand parti en si peu de temps ? Au Maroc, cela est-ce possible… Nous-mêmes, au PJD, nous sommes un jeune parti. Ce grand parti, quels sont les éléments de sa « grandeur »… Et d'abord, quels sont les gens qui y sont et qui sont connus ? Ilyas el Omari, Benchammas et Bakkoury, sont les trois personnes qui sont connues dans le PAM. Les autres ne le sont pas. Le PAM n'est pas un grand parti, c'est un ramassis de personnes... Un grand parti est un parti qui est structuré. Sur ses 6.500 élus, la majorité se trouve en milieu rural. Or, on sait que la politique est une affaire de la ville, depuis les Grecs, et le PAM n'est donc pas un grand parti. Le PAM a été fracassé dans ces élections, et il le sait ». Qu'est-ce qu'un grand parti ? Le chef du gouvernement a quelque part raison de dire que ce n'est pas un grand parti… En effet, pour qu'une formation soit grande, elle doit avoir de grands dirigeants. Et qu'est-ce qu'un grand dirigeant ? C'est quelqu'un qui a une légitimité politique, une histoire et une action politiques, un charisme tribunicien et une présence sur le terrain, de préférence permanente. Contrairement à ec que dit Benkirane la « grandeur » n'est pas affaire de date : le RPR, en France, a été créé quelques mois avant qu'il ne commence à engranger de succès, mais il y avait Chirac… de même pour l'AKP turc, qui avait Erdogan… Or, force est de constater que ce n'est guère le cas du PAM. Ilias el Omari ne dispose pas de ces éléments, Mustapha Bakkoury est un excellent technocrate sans doute, mais cela n'en fait pas un grand dirigeant. Les compétences ne sont pas extensibles à tout. Et pourtant, le PAM dispose d'individualités qui présentent les atouts nécessaires pour le conduire, mais elles restent au stade secondaire, maintenues dans une sorte d'anonymat forcé, pour diverses raisons.