Un tiers des grossesses au Maroc ne sont pas souhaitées… Le propos est du Pr Chafik Chraïbi, sollicité encore une fois pour délivrer son opinion sur la question épineuse de l'avortement. Depuis deux mois, ce sujet est traité et ressassé par tout le monde, médias, professionnels, religieux, société civile, partis politiques… et c'est maintenant le tour de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) qui a invité le docteur Chraïbi, aux côtés d'autres personnalités publiques, à une journée d'étude au Parlement. Comme à son habitude, Chafik Chraïbi s'est montré pragmatique, évitant tout sensationnalisme. Il a développé un argumentaire toujours scientifique, jamais idéologique, se focalisant sur le planning familial et la contraception. Si le tiers des Marocaines tombent enceintes sans forcément le souhaiter, cela signifie que la probabilité est grande qu'elles veuillent avorter, avec toutes les conséquences que l'on sait, tant sur le plan physique que psychique. Aussi Chafik Chraïbi déplore que le Code pénal n'évoque que les problèmes physiques d'une grossesse, et n'autorise l'avortement, sous conditions, que dans des cas extrêmes où la naissance met en péril la vie de la mère. « Ces situations-là ne représentent que 6% de cas d'avortement tandis que les autres situations, comme l'inceste, le viol, ou les grossesses non désirées, représentent un pourcentage beaucoup plus élevé », précise le médecin. Un grand nombre de personnes et d'organismes réclament un retour sur cette logique ; le roi l'a demandé officiellement au ministre de la Justice, lui donnant un mois pour lui soumettre des propositions. De fait, le projet de Code pénal récemment mis en ligne sur le site du ministère ne mentionne pas les articles ayant trait à l'avortement, en attendant les consultations en cours actuellement, dit-il… le délai royal expire jeudi prochain, 16 avril.