Mustapha Bouhandi, spécialiste en religions comparées, donne son avis sur la question de l'avortement. Il défend la thèse de la constitution d'une commission représentée et représentative qui serait seule habilitée à décider. Entretien Durant son intervention au débat sur l'avortement, le professeur Moulay Ahmed Khamlichi de Dar al Hadith déclare qu'il n'y a aucun texte religieux qui autorise ou qui prohibe l'avortement. Qu'en pensez-vous ? Nous ne pouvons pas dire qu'il n'y a pas de texte. Il y a des versets de Coran qui évoquent l'interdiction de tuer une âme. C'est clairement prohibé. Maintenant, je pense personnellement que s'il y a des raisons sanitaires raisonnables qui menacent la vie de la mère ou de l'enfant, il faudrait en discuter. Et la discussion doit se faire au niveau des représentants de la société. Et il ne faudrait pas que les « commerçants » s'immiscent là-dedans. La question de l'âme, telle que vous en parlez, participe aussi à la polémique. Certains milieux pensent que l'enfant n'est réellement né qu'à partir d'une certaine période après la fécondation, et qu'avant il n'existe pas… Non, ce n'est pas vrai. En tout cas, je ne partage pas ce point de vue. Il y a une prise en charge de l'enfant depuis la toute première étape et c'est dit dans le Coran. Le fait de parler d'autoriser l'avortement dans les 40 jours ou même des fois avant le quatrième mois nous plonge dans un débat contradictoire. Vous dites que la décision doit être prise par des représentants de la société. Qu'entendez-vous par là ? Il faudrait constituer une commission qui serait composée d'oulémas, de spécialistes de la religion et non pas des imams, des médecins, des intellectuels, des psychologues, philosophes, et des acteurs de la société civile. La commission doit être à la fois représentée et représentative. Les discussions doivent être scientifiques, dans l'intérêt de la société toute entière. C'est de cette manière uniquement qu'on peut éviter d'ouvrir une porte qu'on ne saura plus refermer par la suite. Vous êtes donc contre l'avortement légalisé… Oui, exactement. La décision de l'autorisation de l'avortement dans certains cas doit être prise avec une grande responsabilité.