Après Les voix de Khair-Eddine (2007), Au fil des livres : chroniques de littéraire marocaine de langue française (2011) et son roman à grand succès Le dernier salto (Ed. Marsam 2014) qui a obtenu le prix Grand Atlas dans les catégories «Culturethèque» et «Etudiants », Abdellah Baida gratifie ses lecteurs avec un autre grand salto que l'auteur effectue par son dernier ouvrage Nom d'un chien pour explorer les limites de la création romanesque dans tous ses arcanes et replis. A travers, cet opus, l'écrivain soulève une problématique un peu délicate dont peu se soucient en dépit de son impact indéfectible sur la personne. Le poids du « nom » qui peut constituer un fardeau qui nous colle à la peau là où on va quand il est lourd à porter. Driss Ibn Kalb est le nom du protagoniste de ce roman. Il attend un enfant, alors il décide d'entamer les démarches pour changer ce patronyme qui est lourd de connotations péjoratives qui se nichent dans le mot « Kalb/chien ». Il doit toutefois prouver le préjudice. Commence alors son enquête pour bien saisir la place de cet animal et ses représentations autour de lui et ailleurs. Epaulé par sa femme Linda, Driss se bat pour se débarrasser de l'ombre canine qui lui colle à la peau ; il mène ses investigations, en fin limier, pour y voir un peu plus clair dans les inextricables rapports qui relient le chien et l'homme. C'est un roman sur la représentation que se fait l'homme de la race canine, sur la transmission de l'héritage et sur le grand pouvoir des mots. Les questions ontologiques les plus sé- rieuses sont menées et traitées avec humour, désinvolture et profondeur au gré de situations sublimes et imprévisibles qu'affrontera Driss Ibn Kalb aussi bien au Maroc, en France qu'en Espagne… Un périple aux couleurs d'une quête à rebondissements multiples servie dans une écriture sans concession propre au romancier, au chercheur en littérature, au critique et à l'essayiste de talent Abdellah Baida, décoré des insignes de Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres en 2012. Extrait : « – Madame Charlotte a soixante-dix-neuf ans et un caniche. C'est ma vieille voisine. Je t'ai déjà parlé d'elle. C'est la seule Française qui habite encore dans notre immeuble. Tous les autres ont déguerpi ; elle, elle est trop vieille pour déménager. Quand je ne rentre pas tard, elle me charge de temps à autre de promener son chien et de le faire pisser. Elle me paye deux euros pour cette mission. Eh bien, mon cher Driss, j'aimerais que tu me voies avec le caniche dans la rue ; on dirait un Français ! dit-il en s'esclaffant de rire, tout content. »