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Que faut-il attendre encore après cinq ans du PJD ?
Publié dans Maroc Diplomatique le 07 - 10 - 2016

A la veille des élections législatives qui auront lieu le 7 octobre et qui décideront de qui tiendra les commandes et décidera du sort et de l'avenir du pays pour cinq ans, les citoyens marocains re­tiennent leur souffle guettant le moindre contour d'un dessein qui s'annonce fatidiquement. Craignant une énième décep­tion, l'abstention pointe encore une fois à l'horizon comme étant la seule résolution qui reste, sur­tout au milieu de surenchères au rythme d'un bras de fer entre les conservateurs du PJD et les pro­gressistes du PAM. Or on oublie que si on ne vote pas, on manque volontairement à son devoir de contribuer à l'évolution du Ma­roc et donc à son droit de répli­quer ou de critiquer les gouver­nants par la suite. Si aujourd'hui, nombre de Marocains ripostent et s'indignent de la gouvernance, c'est parce que l'abstention a fa­vorisé les présents. D'ailleurs, au Maroc, le taux de participation aux législatives a rarement at­teint 55 %, et les partis qui en sortent « vainqueurs » n'ont ja­mais réuni plus de 1,6 million de suffrages sur les 15 millions de Marocains inscrits sur les listes électorales (sans parler de plus de 5 millions de non-inscrits).
Et dire que les élections sont toujours un moment qui incarnent le renforcement de l'édifice démocratique et l'alter­nance n'aura lieu que grâce au vote massif.
Le 7 octobre, ce seront donc les quatrièmes élections à la Chambre des Représentants depuis le début du règne du Roi Mohammed VI et les deuxièmes depuis l'entrée en vigueur de la Constitution de 2011, selon la­quelle le chef du gouvernement est désigné parmi les membres du parti ayant obtenu le plus grand nombre de députés.
Désormais, l'effervescence bat son plein au sein des quar­tiers généraux politiques du royaume qui s'activent et riva­lisent d'ingéniosité pour réussir leur précampagne et se faire plus présents voire persécutants. Le compte à rebours est lancé, les clashs aussi.
Abdelilah Benkirane : entre popularité et désenchantement
Au moment où les élections approchent à grandes enjambées, la position du chef de gouvernement, malgré sa popularité, est plutôt fragilisée par un bilan des plus décevants. Un inventaire plutôt artificieux et frustrant en deçà du seuil tracé par le Roi Moham­med VI et espéré par le peuple marocain, déjà en 2011.
De toute évidence, Abdelilah Benkirane, s'est toujours em­mêlé les casquettes de Chef de gouvernement et celle du secré­taire général du PJD. Preuve s'il en faut une, son comportement inadmissible quand, déguisé en opposant lors des meetings du PJD, il avait évoqué deux gou­vernements distincts, celui qu'il dirige et celui du Roi ! «Mes va­lises sont prêtes et je suis prêt à quitter le gouvernement à tout instant », confiait-il à Jeune Afrique. Avant d'ajouter qu'il resterait fidèle au Roi «même s'il [l]e jette en prison » !!!
Alors qu'il avait promis monts et merveilles une fois au pou­voir et contre toute attente, le gouvernement a pris du retard dans les chantiers majeurs du Royaume. De facto, faisant pas­ser l'intérêt de ses concitoyens au second plan comme pour la réforme des systèmes d'éduca­tion et de retraites, le Chef de gouvernement a aussi favorisé le patronat au détriment des tra­vailleurs, à coups de réductions fiscales et de déductions de TVA. Le manque à gagner pour les caisses marocaines s'élève­rait à près de 20 milliards de dirhams (1,8 milliard d'euros), selon l'économiste Najib Akes­bi qui estime que les entreprises et établissements publics ont vu leurs revenus chuter de 6,6 % en 2013 à 4,2 % en 2015, à cause notamment de recettes fiscales couvrant seulement 62 % des dépenses publiques contre plus de 80 % par le passé.
Au manque de résultats du Premier ministre dans les domaines de l'éducation, de l'économie et du social, s'ajoute une personnalité qui divise fortement dans le royaume chérifien et pour cause ses innombrables polémiques et controverses.
D'autre part, Abdella­tif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale du Maroc, a souligné un manque de stratégie sur le plan de l'industrialisation du Maroc «Le rythme du progrès s'est inscrit ces dernières années dans une tendance baissière », et d'ajouter « L'atonie des activités non agricoles et de l'emploi se poursuit, notre tissu productif se fragilise et les progrès sur le plan du développement humain restent en deçà des attentes et faibles en comparaison interna­tionale. »
L'expert Abdelkader Berrada, quant à lui, a vivement critiqué en tirant la sonnette d'alarme à propos de l'état des finances publiques « Le prochain gouver­nement n'héritera pas d'un ac­tif, mais d'une patate chaude » lancera-t-il lors d'une confé­rence tenue sur les réalisations économiques du gouvernement Benkirane, le 23 juin dernier. Se­lon l'économiste, la croissance économique est restée inférieure à 3,2 % sur les cinq dernières an­nées, soit « un des taux les plus faibles depuis 1960 ». L'endet­tement public a, lui, connu une hausse de 23 % entre 2012 et 2015, notamment à cause de la baisse flagrante de l'impôt sur les sociétés, réduit de plus de moitié entre 2012 et 2014.
S'ajoute à cela un déficit bud­gétaire pour 2015, non pas de 4,3 % du PIB comme avancé par le gouvernement, mais de 7,5 %, soit identique à celui de 2012, toujours selon Abdelkader Ber­rada, qui évoque de nombreuses zones du budget de l'Etat sinis­trées.
Au manque de résultats du Premier ministre dans les do­maines de l'éducation, de l'éco­nomie et du social, s'ajoute une personnalité qui divise fortement dans le royaume chérifien et pour cause ses innombrables polé­miques et controverses.
La politique intérieure, une affaire de tous ?
«Si vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s'intéresse à vous » ! On a cou­tume de brandir de plus en plus ce vieil adage, lancé autrefois pour sensibiliser les citoyens aux problèmes politiques qui les in­téressent et pour lesquels ils sont régulièrement conviés à voter et à s'exprimer. Et ce n'est pas de gaieté de coeur que l'on enre­gistre depuis quelques temps un désintérêt de la politique, traduit à chaque échéance électorale par un abstentionnisme récurrent. Au point que l'on se demande, et des enquêtes ont tendance à le prouver, si le personnel politique n'en est pas la cause principale.
Depuis des mois déjà, les réseaux sociaux s'arrachent la popularité de par la création de groupes et de pages qui se veulent un espace de liberté et une agora pour débattre des problèmes politiques marocains, en général, et des élections, en particulier.
D'aucuns appellent au vote massif pour faire un choix digne d'un citoyen politiquement ma­ture et contrecarrer « l'obscu­rantisme », d'autres au boycott des élections pour la mauvaise gestion et surtout le manque de crédibilité de certains candidats que la scène ne connaît que trop bien. D'emblée, les internautes passent au crible les partis po­litiques, de plus en plus, nom­breux à n'en retenir les noms ni à en saisir l'idéologie si toutefois ils en ont une –à quelques excep­tions près- . Leurs programmes et leur historique font l'objet de dé­bats parfois houleux. Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes manifestent une forte mobilisa­tion et la toile encense le natio­nalisme.
Des élections qui se convertissent en cirque
Hélas, au fur et à mesure que la date fatidique du 7 octobre approche, le soufflé tombe et l'enthousiasme des gens s'ame­nuise. Il est vrai que dire que ne pas voter est un manquement impardonnable à un devoir na­tional et patriotique, en s'abste­nant, serait porter un jugement de valeur et relèverait d'un cer­tain abus puisque ne pas voter est aussi un choix. Mais le fait est que la majorité des Maro­cains se sont laissé gagner par une amère déception répétitive à des promesses fallacieuses qui ne durent que l'espace d'une campagne électorale. Sauf qu'en refusant d'accom­plir ce droit et devoir qu'est le vote, on participe involontaire­ment à faire profiter des partis et candidats qui incarnent car­rément l'antithèse du modèle conçu d'un bon représentant... Et on passe le mandat à rouspé­ter et à s'en mordre les doigts en réclamant la démocratie. Si on ne peut choisir le meilleur parti autant privilégier le moins « cuit ».
Ceci est flagrant et déses­pérant, à la limite du ridicule alors que nous sommes à la veille des élections. Les can­didats aux scrutins prochains – décisifs contrairement à ce que l'on peut en penser – qui ne sont, dans la majorité des cas, que des opportunistes pervers, rivalisent d'acroba­ties, changeant ainsi d'accou­trement pour l'approprier au parti qui leur donnera l'avan­tage d'accepter leur candi­dature et les appuyer avec la fameuse « tazkia ».... Les can­didats migrent de parti en parti confirmant ainsi le tribalisme dans l'esprit et le refus de la divergence des points de vue des partisans, dans la même Constitution où elle est suppo­sée représenter le creuset d'un débat sain et où la concurrence positive et la méritocratie sont les éléments tranchants pour accorder le soutien à un can­didat X. Pourtant la loi, à tout le moins, l'éthique, interdit la transhumance qui est l' équi­valent de l'opportunisme, donc la caution à la médiocrité.
Il est donc révolu le temps où les partis politiques avaient leur poids pesant au Maroc. Il est loin aussi le temps où les secrétaires généraux de ces dits partis étaient des ténors, vrais mobilisateurs et unificateurs, avec de grandes idées, un en­gagement ayant participé à la construction d'un Maroc plu­riel. Il est bien derrière nous le temps où ces partis politiques reflétaient des convictions, des valeurs et des idéaux, pivot au­tour duquel se regroupaient un nombre de personnes oeuvrant pour l'intérêt général de la cité et du pays. Or aujourd'hui, l'échiquier politique national ne respecte plus les règles du jeu qui donnaient du sens à la politique et aux positions par­tisanes.
Transhumance : mode d'emploi chez les partis poli­tiques
Quand de grosses pointures tels que Allal El Fassi, Mehdi Ben Barka, Abderrahim Boua­bid, Mohamed Hassan El Ouaz­zani, Ali Yata, El Mahjoubi Aherdane, M'hamed Boucetta, Abdelkrim El Khatib, Abder­rahmane El Youssoufi ont été aux commandes pendant de longues années, eux qui ont su donner un vrai sens au jeu politique avec des coalitions cohérentes, il semble de nos jours difficile d'imaginer que la relève soit assurée. D'ailleurs, presque tous les successeurs ont échoué dans leur mission à savoir gérer, dans la divergence et le partage, sans éclatements ni heurts. Aujourd'hui, les par­tis politiques sont émiettés et le puzzle, fortement décom­posé est difficile à reconstruire n'ayant pas de modèle bien conçu.
Aujourd'hui, Hélas, les par­tis ne mobilisent plus. Les pro­grammes se ressemblent. Les politiques ne jouissent plus de la confiance de leur base et l'esprit de différence devient, de plus en plus, interdit. Il est même la source d'éclatement au sein de plusieurs partis po­litiques qui voient une frange de leur élite quitter parce que dégoûtée de la gouvernance ou n'adhère plus aux orientations stratégiques du parti. Celle-ci se voit créer son propre par­ti politique pour continuer à atomiser le paysage. Preuve en est que plusieurs cadres –opportunistes ?- ont quitté le bateau à cause d'une léthargie et d'un entêtement dans la gouvernance qui freine cer­tains membres dans leur élan puisque invocateurs de respon­sabilité et de pouvoir décision­nel. En conséquence, ils optent pour la voie la plus aisée, celle d'aller vers d'autres constitu­tions politiques en vue d'avoir de meilleures positions leur donnant accès aux décisions qui leur permettraient d'orien­ter leurs propres intérêts.
Un autre scénario s'offre aux citoyens égarés, désespé­rés et écoeurés : les ennemis d'hier s'improvisent amis d'aujourd'hui ... Finalement, les intérêts créent les coalitions les plus extravagantes qui ne répondent à aucune logique de la philosophie de ces partis –si toutefois ils en ont une- ! Sous le grand chapiteau, le bal conti­nue : la droite est avec la gauche et les centristes vacillent entre les deux. On ne sait plus qui mène la danse !
Et on se demande toujours quelle est la cause de cette suspicion et méfiance des citoyens à l'égard des insti­tutions ! Finalement, il n'y a pire ni plus complexe que les jeux politiques au Maroc qui ne respectent aucune éthique !
La femme, avenir de la politique
Or, l'échiquier politique na­tional ne reste-t-il pas dominé, on dira même hyper dominé par les hommes ? D'où la question, légitime à bien des égards : et si les femmes étaient majoritaires dans l'activité politique et dans l'exercice de la politique ? De­puis toujours, en effet, la femme marocaine bénéficie du droit de vote, qu'elle a acquis constitu­tionnellement et qui en fait – en principe – une citoyenne à part entière, l'égale de l'homme. Il reste, par contre, que dans la pratique, la femme est restée si­non exclue, du moins margina­lisée. Sa présence au parlement, comme aussi dans les conseils communaux n'a pas constitué un motif de fierté, tant s'en faut...
Aux dernières élections lé­gislatives, et toutes proportions gardées, peu de femmes ont gravi le palier du parlement. Les par­tis politiques, malgré les discours d'autosatisfaction et les procla­mations vertueuses, n'ont pas respecté la parité homme-femme qui est l'expression la plus juste de la représentativité. Un choix arbitraire a été opéré, traduit d'ailleurs dans la constitution du gouvernement de coalition qui en est issu où les femmes tiennent une posture quasi caricaturale.
Il y a un peu plus de quatre ans, le Roi Mohammed VI, non content de promouvoir la place de la femme et de lui conférer ses pleins droits civiques et poli­tiques, plusieurs années après la réforme du code de la famille, a lancé un appel afin que la femme soit plus impliquée dans la vie politique. Un Fonds a même été créé à cet effet de quelque 10 millions de dirhams pour assu­rer cette « réhabilitation », digne d'une pleine reconnaissance de la femme...
D'ailleurs l'implication de la femme dans les affaires po­litiques, ce n'est pas seulement la reconnaissance du rôle qui lui revient dans une société en pleine mutation. C'est aussi et surtout un devoir de s'en remettre à son intelligence et à son engagement participatif. Sur un plan sociolo­gique, elle représente la moi­tié, sinon plus, du corps social. Pourtant le PJD, contrairement à ce que proclamait haut et fort son secrétaire général, Abdelilah Benkirane, qui entretient un rap­port aux femmes plus que com­pliqué, s'est contenté de coopter 6 femmes au gouvernement en tout et pour tout sur un total de 39 ministres.
Soit à peine 5%... Nous sommes loin des promesses, nous déchantons...parce que ce gouvernement, dès le départ, a déçu les démocrates de tous bords.
L'avenir nous dira, et les pro­chaines élections notamment, si le Maroc démocratique que l'on proclame à tout bout de champ, fera cas de ses femmes ou les enverra de nouveau dans les Ca­lendes grecques !
Les jeunes et le devoir de la politique
Depuis que le PJD est au pilo­tage, on peut dire que son style populiste de gouvernance a forcé les diverses et multiples réactions antagonistes des jeunes. Chose à considérer puisqu'il les a ra­menés et drainés, d'une certaine façon, vers la politique. C'est apparemment l'un des faits nou­veaux dont on mesurera peut-être les effets.
Inutile de rappeler qu'après les années 70, alors que la vie estudiantine rimait systémati­quement avec engagement po­litique, notamment au sein des universités où régnait une réelle effervescence politique marquée par les idéologies socialistes et progressistes, les jeunes maro­cains ont délaissé l'engagement politique et social. Tout ce qui touche de près ou de loin à ce monde les révulsait, autant par sa complexité que par les oppres­sions et le désenchantement qu'il suscitait. Depuis lors, cela s'est traduit tout simplement par un désintérêt quasi absolu pour la vie politique et civile.
En 2012, le Haut-Commissa­riat au Plan a réalisé une enquête sur la jeunesse, où il ressort que seulement 6% des jeunes sont membres d'une association de la société civile et 1,3% affilié à un parti politique ou à une organisa­tion syndicale. Et pour cause, le projet de société ne semble plus emporter l'adhésion des jeunes, à cause des innombrables décep­tions cycliques et d'une certaine désaffection qui ont généré une dépolitisation effarante, traduite par le recul de représentativité et une perte de crédibilité des gou­vernements qui se sont succédé.
Il reste que cette passivité et cette exclusion n'ont pas tardé à se dissiper, paradoxalement, sous le gouvernement de Abde­lilah Benkirane, dont la stratégie et les décisions ont cette particu­larité de susciter polémiques et controverses. Les jeunes, se sen­tant de plus en plus concernés par ce qui se passe dans leur Maroc, et les réseaux sociaux aidant, les sites électroniques lancés à tour de bras, les émissions télévisées ou online, les manifestations de rue, la formation de groupes sur ces réseaux constituent autant de signes protestataires qui res­surgissent dans notre quotidien. L'observation du paysage poli­tique qui tendait vers le voyeu­risme laisse insensiblement la place au débat et aux échanges à travers lesquels les jeunes ex­tériorisent leur énergie. Et c'est tant mieux...
Cette conscience et cet atta­chement à l'appréciation voire au jugement de la chose politique est, à coup sûr, ce qui garantit au mieux l'existence politique des jeunes, quelles qu'en soient la forme et les finalités. D'ailleurs, leur participation ne dépend-elle pas de la conscience qu'ils ont et nourrissent de la chose pu­blique ? La volonté de changer les choses se réinstalle lentement mais sûrement, sachant que le Maroc n'évoluera pas sans sa jeunesse. Il est vrai que les partis politiques traditionnels ont perdu la confiance des masses et plus particulièrement des jeunes, mais il ne faut pas se cantonner dans cette position.
Certes, nos jeunes ne disposent pas d'une culture politique qui leur permet de participer aux décisions concernant le pays. Mais l'héritage familial étriqué, les mass médias et le manque ou l'absence d'expérience person­nelle façonnent les préjugés et les apriori défavorables au point que la prise de position se fait instinc­tivement, au gré du hasard.
Mais ces dernières années, une brise éclairante a soufflé, semble-t-il, sur les jeunes maro­cains qui se sont découvert des citoyens désireux d'exprimer et de transmettre leurs opinions, leurs préoccupations et leurs espoirs. Sauf qu'en cela, leurs interventions et leurs revendica­tions ne dépassent pas le cadre de réflexions personnelles. Et pour ainsi dire, ces jeunes doivent se politiser afin d'essayer de chan­ger les choses de l'intérieur et participer à la prise de décisions. Toujours est-il qu'il faut éclaircir le jeu politique afin de leur per­mettre de s'engager, avec des convictions précises, claires et partisanes pour pouvoir défendre haut et fort leurs droits et leurs revendications, non sans s'être acquittés, cependant, de leurs devoirs dont le principal est le vote et la participation à la poli­tique. Force est de rappeler que, même en votant blanc, chacun exprime un droit et un devoir à la fois, celui de ne laisser personne d'autre décider à sa place et, bien sûr, être en mesure de demander des comptes. Cette constatation prend toute sa dimension à l'ap­proche des élections.
Une question fondamentale, qui nous renvoie à cette amère réalité : la démocratie ne se résume pas à l'accès aux urnes, et l'Histoire nous l'aura assez prouvé ces dernières années où, comme par hasard, nombre de pays arabes se sont vu offrir une pseudo démocratie qui a ouvert la voie aux islamistes, puis à la dévastation que l'on connaît.
En somme, il faut les encoura­ger à s'investir dans le champ po­litique et lutter contre l'exclusion sociale et professionnelle en vue de leur redonner confiance en les institutions. N'oublions pas que le nouveau texte constitutionnel marocain, promulgué le 29 juillet 2011, dans son article 33 stipule que les pouvoirs publics sont in­vités à prendre toutes les mesures appropriées afin d' «étendre et généraliser la participation de la jeunesse au développement social, économique, culturel et politique du pays» en plus d' «ai­der les jeunes à s'insérer dans la vie active et associative et prêter assistance à ceux en difficulté d'adaptation scolaire, sociale ou professionnelle» et «faciliter l'accès des jeunes à la culture, à la science, à la technologie, à l'art, au sport et aux loisirs...».
Pour cela, il faut doter notre jeunesse de formation et lui fournir les outils qui facilitent son intégration et sa participa­tion attendu qu'elle représente, sans conteste, un acteur majeur de développement.
Et si on mettait le citoyen marocain au premier rang d'intérêt ?
Le constat est là et la solu­tion s'impose d'elle-même. Il faut que cette politique « poli­ticienne » fasse du citoyen ma­rocain son premier souci. Il est temps que nos politiques cèdent leur compétitivité individualiste pour se concentrer sur l'intérêt du pays et qu'ils en fassent une priorité au lieu de se focaliser sur leur ring où ils sont les seuls joueurs. Malheureusement, ils se lancent les coups et c'est le peuple qui encaisse. Le tac au tacle où rivalisent les hommes politiques marocains est de plus en plus ridicule dans leur duel calomnieux empreint d'injures, de discours politique grossier et de coups bas. Ils gagneraient mieux en crédibilité en faisant preuve de plus de décence, d'élégance et de maturité po­litique.
Par ailleurs, il est indispen­sable que toutes et tous par­ticipent au vote et assument leurs choix et responsabilités. Or c'est malheureusement là que le bât blesse. Car, si tout le monde est d'accord pour dire qu'il n'est plus question de dé­serter les bureaux de vote et que les citoyens doivent prendre leur responsabilité en endossant leur rôle de véritables acteurs politiques pour une démocra­tie en marche, le désarroi reste grand face à cette question que chacun se pose : voter oui, mais pour qui ? Quel parti représente aujourd'hui ces idéaux, ces va­leurs d'un Maroc ouvert, libre et fier du pluralisme qui le ca­ractérisent ?
Une question fondamentale, qui nous renvoie à cette amère réalité : la démocratie ne se ré­sume pas à l'accès aux urnes, et l'Histoire nous l'aura assez prouvé ces dernières années où, comme par hasard, nombre de pays arabes se sont vu offrir une pseudo démocratie qui a ouvert la voie aux islamistes, puis à la dévastation que l'on connaît. C'est donc le concept même de démocratie, largement gal­vaudé, que la société civile, par ce désarroi qu'elle manifeste, questionne aujourd'hui. Et elle a raison. Car la démocratie n'est pas un script creux mis en scène destiné à leurrer les es­prits en leur donnant l'impres­sion d'un quelconque pouvoir ou libre-arbitre. Il serait donc temps de donner à ce principe démocratique le sens qui lui revient, par-delà l'instrumen­talisation électorale.
Bref, il est sûr qu'après le scrutin, il y aura un parti po­litique gagnant mais encore une fois, le peuple qu'aura-t-il gagné ? Voter ou non ? Telle ne doit plus être la question.


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