Dans un contexte de crise politique profonde, la construction des prochaines alliances est décisive pour rétablir la confiance des citoyens. Face à la confusion actuelle, Nizar Baraka cherche la clarté et exige des alliances programmatiques et idéologiquement homogènes. Détails. L'alternance politique, ce terme si sensible dans l'Histoire politique de notre pays, et plein de résonance démocratique, revêt une importance cruciale à quelques mois des élections législatives, qui devraient accoucher du successeur de Saâd Dine El Othmani. Un terme si grand qu'on ne pourrait l'évoquer dans le contexte actuel où la méfiance des citoyens à l'égard des partis politiques et des institutions a atteint son comble. Parler d'alternance dépend du degré de participation des citoyens au prochain scrutin, aux yeux du Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal Nizar Baraka, invité, mercredi, sur les ondes de la Radio nationale. « On ne peut parler d'une véritable alternance que s'il existe une forte participation citoyenne », a-t-il souligné. En effet, ce fut le cas à deux reprises dans l'Histoire contemporaine du Royaume, durant les élections de 1997 et 2011 qui ont donné naissance aux gouvernements d'Abderrahmane Youssoufi et d'Abdelilah Benkirane.
Une alternance sans changement : ça ne sert à rien Compte tenu du contexte politique mouvementé, il ne suffit pas d'une simple succession de façade de l'Exécutif pour regagner la confiance des gens, pour le leader du Parti de la Balance. Il faut acter une rupture radicale pour sortir du dogmatisme libéral et de la culture de l'attentisme ayant caractérisé l'action gouvernementale, tout au long de ces dernières années. Il ne sert à rien de parler d'une alternance démocratique, si le gouvernement qui en sera issu ne prépare le terrain pour un Etat social, partisan des classes moyennes et capable de redistribuer les richesses. Celle-là a fait cruellement défaut dans le modèle actuel qui est arrivé au bout de ses promesses. Les retombées de la croissance sont en général accaparées par une infime partie de la population. Nizar Baraka a avancé le chiffre de 20% des familles les plus fortunées qui accaparent plus de 54% de la richesse nationale. Une richesse raflée aux dépens des classes moyennes, qui ont subi les affres de l'ultralibéralisme qui a régné ces dernières années. Promettant un programme social qui se veut aux antipodes des idées du gouvernement du PJD, l'Istiqlal propose de revigorer le pouvoir d'achat du salariat et du travail. Sécurité sociale, retraites, régulation des prix et compensation. Bref, les héritiers d'Allal El Fassi préparent une politique de croissance par la demande qu'on peut résumer comme suit : remplir les poches des classes moyennes pour relancer la consommation. C'est ça en gros. Alliances : le paysage s'annonce encore flou Au moment où la défiance vis-à-vis des partis politiques est criante, les élections législatives sont une occasion de réconciliation avec les citoyens. Ceci ne pourra aboutir sans sortir de la confusion des alliances opportunistes, dépourvues de fondement idéologique. « Nous avons fait note autocritique », s'est confié Nizar Baraka aux journalistes de la SNRT, affirmant que le parti de la Balance a resserré ses rangs après son passage définitif à l'opposition en 2017. Le grand défi qui l'attend est la stratégie des alliances potentielles pour construire une coalition gouvernementale. Or, celle-ci s'annonce complexe, vu que l'Istiqlal ne veut pas s'aventurer dans une alliance avec des partis n'ayant pas le même programme. Nizar Baraka conditionne toute alliance par une convergence des vues et des analyses de la situation du pays, ce qui complique tout pronostic sur le visage de la prochaine majorité. En dépit des supputations sur une potentielle alliance électorale entre le PPS, l'Istiqlal et le PAM, qui ont rapproché leurs points de vue sur plusieurs sujets (code électoral, légalisation du cannabis, etc.), rien ne les confirme, sachant que Nizar Baraka a fait état seulement d'une coordination entre les trois partis dans leur rôle d'opposition. Pas plus.