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Indigos à la sauce PJD
Publié dans Maroc Diplomatique le 18 - 09 - 2016

Brandissant la chasteté et la sacralité en étendard, « ils » ont percé de la foulée, jaillissant de nulle part et prétendant sortir le Maroc des marécages infestés où « démons et crocodiles » l'ont bazardé depuis de longues années, ils ont promis de nous délivrer du monde ténébreux du déluge sur le point d'advenir, punissant la malhonnêteté et la perversité des hommes. Ils trouveraient grâce aux yeux de Dieu, semble-t-il, eux qui sont justes et qui détiennent l'Arche de Noé. En sauveurs du Royaume, les péjidistes n'ont cessé, depuis presque cinq ans, de chanter l'antienne signée par leurs soins dont ils ont fait un hymne à la stabilité du pays.
Ce Maroc qu'ils croient avoir sorti du gouffre qu'ils ont dessiné pour nous. Leur mission consistait donc à assainir et à purifier un pays qu'ils s'égosillaient à colorier en noir opaque en maîtres du manichéisme. En surfant sur la vague d'un 20 février, qui a émergé lors des « printemps arabes » et qui tentait de remettre en cause le fonctionnement du régime, ils se sont approprié l'équilibre d'un pays qui a échappé au fameux Printemps arabe. La majorité s'est laissé embobiner par cette propagande grossière du mythe de ces surhommes infaillibles dans leur guidance. Sauf que le temps finit toujours par passer, les bonnes intentions finissent toujours par tomber en poussière quand elles ne sont pas bien ancrées et les masques tombent enfin, laissant voir les vrais visages. Force est de dire que jamais une formation gouvernante n'a paru aussi ambigüe dans ses desseins que le PJD.
Elections et surenchères
A quelques semaines des élections législatives, les deuxièmes depuis l'avènement de la Constitution de juillet 2011, prévues le 7 octobre 2016, les esprits ne cessent de s'agiter. Et les mêmes questions, lancinantes, se répètent sur les conditions du vote, les garanties de son bon déroulement, le respect des règles et des résultats qui en sortiront. C'est une veille de grande bataille qui ne dit pas son nom, mais qui laisse entrevoir un affrontement politique sans précédent, d'autant plus que les pronostics – contrairement à fin 2011 – n'ont jamais été aussi moins sûrs, ne semblent pas favoriser la majorité sortante et laisse planer un flou artistique pour ne pas dire un doute certain sur les résultats.
Les partisans du PJD, y compris notamment les titres de presse qui lui sont acquis, sont d'ores et déjà à pied d'œuvre pour mettre en garde, avec des accents ostentatoires et doctes, contre ce qu'ils appellent les « truquages » des résultats. A tort ou à raison, ils se livrent au vieil exercice de dénonciation, cette culpabilisation avant terme du pouvoir et des partis concurrents – le PAM en l'occurrence – avec l'objectif de jouer les Cassandre et, comme on dit, les « lanceurs d'alerte » dans le cas où les résultats ne les favoriseraient guère. Après tout, il est de bonne guerre de mettre en condition les électeurs, comme aussi de tailler des croupières à ses adversaires, fût-ce au niveau du langage, en les discréditant. La réunion qu'a tenue samedi dernier le chef du PJD avec ses fidèles, encensant le désormais fidèle compagnon, Nabil Benabdallah, enfonçant en revanche son irréductible adversaire, Ilyas El Omari, s'apparente à tout prendre à l'excentrique accélération d'une campagne qui n'a pas encore commencé mais qui plante d'ores et déjà son décor impitoyable.
Si les mots se contentaient de s'envoler et la parole s'évanouir dans les airs, ceux que le leader du PJD a pris la désinvolture de lancer à l'encontre de ses adversaires ne trouvent pas assez de verve et de virulence pour les ridiculiser. Personne n'oublie la sortie goguenarde, faussement triomphale d'un Abdelilah Benkirane, engoncé dans son arrogance, contre Mostafa Bakkoury il y a quelques mois lors d'un meeting dans le sud. Non plus ses accents populistes pour tourner ce dernier en dérision. En fait, modèle contre modèle, c'est Ilyas El Omary qui a pris la relève et donc qui adopte le même ton pour arrêter, à tout le moins réduire les divinités crépusculaires de son adversaire.
Des droits à géométrie variable
Ces derniers jours ont été éprouvants pour le PJD qui s'est vu dépouiller de ce qui a toujours constitué son atout incontournable et son arme fatale : « la vertu ». En effet, on dirait que la malédiction s'est abattue sur les membres du parti à tel point que ceux-ci crient au complot et à la conspiration.
De scandale en scandale, l'avalanche a balayé le répertoire abondant des valeurs, de la pureté et de l'ascétisme. Le PJD, une fois au pouvoir, s'est vite fait aux dimensions à géométrie variable qu'apprennent les fauteuils de commande. Loin de la campagne électorale, des slogans enchanteurs et du romantisme politique, il se voit confronté à une réalité qui le rattrape : il ne peut s'évertuer d'être différent des autres partis qu'il n'a eu de cesse de pointer du doigt.
Il est vrai que l'erreur est humaine mais quand les acquis démocratiques sont insensiblement grignotés, quand une régression de plusieurs années s'abat sur le Maroc, l'enjeu est de taille et la réaction devient urgente.
Si le parti islamiste nous a inondés de fatwas, de prêches sur le licite et l'illicite et surtout d'interdits en ce qui concerne le contact et la promiscuité homme/femme, leur hypocrisie doublée de schizophrénie les ont tellement aveuglés qu'ils ne se sont pas rendu compte qu'ils sont les premiers à se faire prendre dans le filet de leurs propres contradictions inhérentes à leur condition d'être humain faillible. Preuve s'il en faut une, l'affaire scandaleuse des deux tourtereaux du MUR. Fatima Nejjar , égérie connue pour ses tirades « contre la tentation et le vice » et Moulay Omar Benhammad, deux figures emblématiques au sein de la mouvance islamiste, deux responsables du Mouvement Unicité et Réforme, l'aile religieuse du parti au pouvoir et qui s'érigent en vigilants « gardiens de la morale », ont imposé l'arrêt sur fait en se faisant prendre en flagrant délit d'adultère dans une voiture au bord de la mer et de tentative de corruption sur les deux policiers qui l'ont surpris... à sept heures du matin...
Dans l'univers surréaliste, fait de puritanisme et d'interdits que « la sœur » brossait aux adolescentes, elle se taille une place loin des yeux pour vivre ses amours volées.
Solidarité « fraternelle » oblige, on accourt à la rescousse. Ahmed Raïssouni, le principal idéologue du parti, a dénoncé une « machination et une exploitation » de la police par rapport à « l'attitude de ces deux personnes un peu trop impatientes de se marier légalement ». Mais des partisans du PJD vont plus loin et avancent la thèse d'un complot politique, dernier épisode d'une « guerre » de tranchées contre le mouvement, selon eux. Jusqu'au rapport détaillé fourni par la DGSN qui a mis une sourdine aux divagations des Apparatchiks du PJD ...
Une autre figure du salafisme marocain, proche du PJD, a également fait part de son soutien aux deux responsables du MUR. Sur son compte Facebook, Hammad El Kabbaj a dénoncé l'interpellation du couple par la police, évoquant également la « fabrication d'une fausse accusation » et l' « espionnage » des pas et des gestes des deux vice-présidents du MUR comme le relève le site Yabiladi.com. « La confrérie » va même jusqu'à s'appuyer sur un « mariage coutumier » – interdit – pour justifier l'injustifiable.
Si l'idylle de Choubani et Soumaya Benkhaldoun, s'est vu couronner par un happy end à la Edouard VIII, celle des deux membres du Mur a mal tournés, ils se sont vu cognés au mur.
Des gardiens de la morale pas vraiment irréprochables
Depuis quelque temps donc, les scandales de mœurs éclaboussent le parti islamique. Le conseiller de la cité balnéaire de Moulay Bousselham, un père de famille, aurait été surpris par les gendarmes avec une femme dans un cas d'adultère puni par la loi. Toutefois, l'élu communal a pu se tirer d'affaire usant de son influence.
Rappelons bien que les relations sexuelles en dehors du mariage ont toujours représenté la ligne rouge à ne pas approcher pour Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des Libertés qui s'est toujours montré intransigeant sur ce point. N'a-t-il pas menacé plus d'une fois de démissionner si les relations sexuelles hors mariage venaient à être légalisées ?
Ainsi, les exemples illustrant les paradoxes entre la nature des « frères » et « sœurs » et leurs idéaux qu'ils chantent ne manquent pas. Les scandales se suivent mais ne se ressemblent pas. A Safi, un leader du PJD, et pas des moindres, membre du Conseil communal a été incarcéré pour trafic de drogue.
Dans un autre décor, un autre jeu se fait non moins cynique. Mettant de côté tout scrupule. Abderrahmane Harfi, un député de l'UC, membre de la Chambre des représentants, élu de Sidi Kacem et de la Région, se voit rallier le PJD et se présenter sous ses couleurs aux prochaines élections législatives (chantage ou corruption ?). La transhumance est monnaie courante dans ces cas-là, diriez-vous ? En effet, sauf que le ministère de Amara , oreille de Benkirane, a accordé l'autorisation de la station d'essence déposée par ledit élu le 23 août (d'après Al Akhbar) quelques jours seulement avant qu'il n'intègre le parti alors que la demande lui a été refusée antérieurement.
Comme quoi la barbe et le voile intégral ne font pas les saints !
Mais le dernier détail pour parfaire le tableau, c'est quand à quelques jours seulement après l'édifiant discours du Roi où il appelle les Marocains à lutter contre le fanatisme, le chef de gouvernement, Secrétaire général du parti islamiste désigne en tête de liste un certain Hammad Kabbaj, pour mener campagne à Guéliz-Nakhil à Marrakech, alors qu'il est réputé par sa haine viscérale des juifs et par son extrémisme avancé et affiché sans réserve. N'est-ce pas un défi grossier fait au Souverain ?


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