Le secrétaire général du Parti Authenticité et modernité (PAM), Ilyas El Omari s'est complètement lâché dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique, affirmant, entre autres, ne rien à voir avec Fouad El Himma, actuel conseiller du roi, et avec le Palais, allant par ailleurs jusqu'à préconiser, au nom des libertés individuelles, de laisser tranquille les deux amants du « MUR », Moulay Omar Ben Hamad et Fatima Nejjar, actuellement poursuivis en justice pour avoir été pris en flagrant délit d'adultère. « Fouad Ali El Himma a été l'un des fondateurs du PAM, pas le fondateur unique. Sinon le PAM aurait disparu après sa nomination auprès de Sa Majesté. Je n'ai personnellement rien à voir avec Fouad Ali El Himma ni avec le Palais, je viens de la gauche, j'ai été opposant à Hassan II et condamné pour cela, puis gracié », a martelé El Omari dans cet entretien publié dans la dernière édition de ce magazine. Le dirigeant du PAM s'est ensuite pris en au secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, qui « suggère » que le PAM était l'instrument du tahakoum. « Mais qui est-il pour dire cela ? Ni lui ni son parti n'ont jamais été dans l'opposition, y compris à l'époque où Ali Yata le dirigeait, pendant les années de plomb. Il faut être sérieux ! Cette histoire de tahakoum n'est qu'un stratagème utilisé par M. Benkirane et ses amis pour esquiver la question de leur propre bilan », a encore martelé cet enfant du Rif. Ce dernier affirme avoir fait la connaissance de « Si Fouad par l'intermédiaire de celui que je considère comme mon mentor, Driss Benzekri, en 2000. Nous avons dialogué, travaillé ensemble sur les dossiers des droits de l'homme. Il sait écouter, il a de bonnes idées, c'est un homme de parole et nous avons fondé ensemble le Mouvement de tous les démocrates, puis le PAM », a-t-il expliqué. Et d'ajouter: « Quand Fouad a été nommé conseiller de Sa Majesté, je l'ai félicité mais j'ai ajouté qu'il me serait désormais très difficile de lui téléphoner. Il reste certes mon ami, mais ce n'est plus le même Fouad, il est devenu de par sa fonction quelqu'un d'autre. Il fallait donc que je prenne mes distances. Il lui arrive d'ailleurs de me le reprocher. Même chose pour cet ancien camarade devenu conseiller du roi qu'est Omar Azziman: nous ne nous fréquentons plus. » Ilyas el Omari, 48 ans, a également démenti être proche du ministre de l'Intérieur. » Mohamed Hassad a été choisi par M. Benkirane, chef du gouvernement, c'est en tout cas ce que M. Benkirane a déclaré lui-même. Je ne le vois donc pas travailler avec un parti contre son Premier ministre. Je le connais, je l'apprécie, mais ce n'est pas un proche », a-t-il souligné. Dans cet entretien, et comme il fallait s'y attendre, le dirigeant du PAM n'a pas mâché ses mots à l'encontre de Abdelilah Benkirane et son parti le PJD, comparant ce dernier aux Frères musulmans égyptiens. « C'est la même chose. Leur modèle, c'est l'AKP turc. Quand il y a eu la pseudo-tentative de coup d'Etat en Turquie, en juillet dernier, on a vu la direction du PJD se précipiter à l'ambassade de Turquie pour soutenir Erdogan. Sur leur page Facebook, la photo du président turc a trôné pendant plus d'une journée, comme auparavant celle de Mohamed Morsi, alors qu'ils n'ont jamais affiché de cette manière leur soutien à la marocanité du Sahara. On a même vu M. Benkirane et son épouse faire le signe à quatre doigts des Frères musulmans. Les Marocains qui ont voté pour le PJD ont été floués non seulement par sa gouvernance catastrophique, mais aussi par son idéologie. Les Marocains sont des musulmans, pas des islamistes », a-t-il dit. Selon lui, «le PJD ne défend pas le Maroc. Il défend le califat». Et El Omari de poursuivre dans sa lancée en affirmant que « le Maroc est en danger. Il suffit pour s'en convaincre de faire le bilan de cinq années de ce gouvernement: c'est terrible, à tous les niveaux. Le taux de croissance est à 1,5 %, le montant de la dette atteint 82 % du PIB, le chômage explose. Ce gouvernement est le seul depuis l'indépendance à ne jamais dialoguer avec les syndicats, ni avec les associations. Je ne vois de positif dans son bilan que des déclarations d'intention sur la caisse de compensation ou les retraites. Rien d'autre. Même pas la lutte contre la corruption? ». Au sujet de la dépénalisation du cannabis, Ilyas El Omari estime qu'il s'agit d' »un constat lucide ». « Plus de 1,5 million de Marocains et une partie de l'économie du Nord dépendent du cannabis. On le sait, on le dit, et depuis soixante ans on ne fait rien. Nous proposons donc l'ouverture d'un débat national, public et scientifique pour en finir avec la politique de l'autruche. Soit on en conclut que la culture est globalement nocive, alors il faut l'interdire et prendre les mesures d'accompagnement qui conviennent pour les gens qui en vivent, soit on considère qu'un usage positif peut en être fait, notamment dans le domaine médical, comme le démontrent certaines expériences américaines et européennes, alors il faut l'encadrer. Mais il n'y a rien de pire que laisser prospérer la situation actuelle, propice au trio infernal drogue-armes-terrorisme. », a-t-il encore expliqué. Quant aux autres « mesures chocs » préconisées par le PAM: la dépénalisation de la consommation d'alcool et celle des relations sexuelles hors mariage, le dirigeant du PAM, a répondu: « Qu'on nous comprenne bien. Nous sommes favorables à une révision du code pénal dans le sens de la progression des libertés individuelles. Le PAM n'incite personne à la débauche ». Il s'est , à cet égard, prononcé contre la poursuite en justice des deux « amants du MUR » Moulay Omar ben Hamad et Fatima Nejjar.