C'était prévisible. Quelque temps après l'élection d'Ilyas Omari à la tête du Parti authenticité et modernité (PAM), les responsables du Parti de la justice et du développement (PJD) commencent à dire tout le «bien» qu'ils pensent de leur rival politique. Le PJD a même consacré tout un éditorial dans son portail à Omari et au PAM. Signé par Slimane El Omrani, monsieur communication au sein du parti de la lampe et l'un des hommes de confiance de Abdelilah Benkirane, il a officialisé la réaction de son parti aux résultats du troisième congrès du PAM évitant de féliciter la nouvelle direction de ce parti comme le veulent les usages. El Omrani va même porter des accusations plutôt graves contre le nouveau secrétaire général du PAM, responsable, selon lui, «de nombreux dysfonctionnements au sein de la vie politique et médiatique». Le secrétaire général adjoint va même plus loin en déclarant que le Parti authenticité et modernité constitue «une menace». Le mot est donc lâché. Le PJD voit en l'arrivée d'Ilyas Omari à la tête du PAM une véritable concurrence pour le PJD et une menace pour son secrétaire général, Benkirane, en course pour un deuxième mandat à la tête des Législatives. Il faut dire que le tout nouveau numéro un du PAM n'a pas trop tardé pour annoncer la couleur. Omari a affirmé dans une déclaration devant les médias quelques heures seulement après son élection par les membres du conseil national de son parti que son principal objectif est de faire face «aux islamistes», comprenez le PJD. Omari est également revenu au cours de la même déclaration sur «le danger de mélanger entre le politique et la religion» insistant sur la différence entre l'Islam qui est, selon lui, un bien commun entre tous les Marocains et la pensée islamiste qui est un projet pour la société dans une autre critique à peine voilée du référentiel idéologique du parti de la lampe. Des propos qui ont été, à leur tour, fortement critiqués par l'une des figures montantes du PJD, Abdellah Bouano, le président du groupe parlementaire de ce parti à la Chambre des représentants. Il a, dans ce sens, considéré que la déclaration de Omari dénote «d'une approche d'exclusion». Il faut dire que les relations ont toujours été tendues entre les directions des deux partis, principalement entre Abdelilah Benkirane et Ilyas Omari. Une confrontation qui risque de prendre de l'ampleur à l'approche des élections législatives qui auront lieu en automne prochain. Mais attention, cela ne veut aucunement dire qu'un rapprochement entre les deux formations après les Législatives est définitivement écarté. «Wait and see»...