Au Maroc, on estime que 740 000 personnes vivent avec l'autisme. Certains d'entre eux bénéficient d'un soutien médical et éducatif, mais des efforts supplémentaires du gouvernement sont nécessaires de toute urgence. La plupart du temps, les enfants tracent des formes sur des feuilles blanches, apprennent à nommer les couleurs ou s'appliquent à participer à des jeux éducatifs. Leurs gestes sont hésitants, parfois répétitifs, mais toujours guidés avec patience par des formateurs spécialisés. Tous ces enfants ont un point commun : ils sont atteints de troubles du spectre autistique (TSA). Ces scènes ordinaires, en apparence, illustrent pourtant un défi colossal : au Maroc, on estime que près de 740 000 personnes vivent avec l'autisme, un trouble neurologique encore trop peu compris et mal pris en charge. À l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, l'association franco-marocaine Vaincre l'Autisme a organisé une visite de cette école exemplaire, pour alerter une nouvelle fois sur l'urgence d'une action coordonnée de l'Etat. Lire aussi : Oujda abrite le congrès de l'autisme Afrique 2025 Fondée en 2001 à Paris, Vaincre l'Autisme est active des deux côtés de la Méditerranée. Sa mission est ambitieuse : encourager le dépistage précoce, soutenir les familles, promouvoir la recherche scientifique et surtout, permettre une meilleure inclusion des enfants dans le système éducatif. Elle plaide pour un accompagnement structuré, efficace et adapté à chaque enfant, afin de renforcer son autonomie. Mais malgré l'engagement de ses membres, l'association se heurte à un mur d'indifférence institutionnelle. « Aux familles, je dis : faites diagnostiquer vos enfants le plus tôt possible. Et au gouvernement : il est temps d'écouter, de soutenir et d'agir », a lancé la présidente de l'association, en marge de l'événement. Ce cri du cœur n'est pas nouveau, mais il résonne avec d'autant plus d'acuité que depuis les élections de 2021, Vaincre l'Autisme n'a reçu aucun signal officiel du ministère de la Santé ni de celui de l'Education nationale. Un silence d'autant plus lourd que les besoins sont immenses et les structures adaptées encore trop rares sur le territoire. Face à ce constat, l'association a décidé de multiplier les actions de terrain. Tout au long du mois d'avril, elle organise au Maroc des campagnes de sensibilisation, des conférences, des ateliers, dans l'objectif de briser les tabous, d'informer les familles et de mettre la question de l'autisme au cœur du débat public. À l'échelle mondiale, les troubles du spectre autistique touchent environ 130 millions de personnes. Le Maroc, comme beaucoup d'autres pays, est confronté à un double défi : médical et social. Car il ne s'agit pas uniquement d'offrir des soins ou une scolarisation adaptée, mais aussi de combattre la stigmatisation, d'aider les familles souvent livrées à elles-mêmes, et de construire un environnement qui permette à chacun de vivre avec dignité.